Dessine-moi un PERP
Ce produit d’épargne retraite géré par les compagnies d’assurance vie fonctionne en deux temps :
- Une phase d’épargne, sans obligation de versements réguliers, chacun allant à son rythme, pour la constitution d’un capital. Votre argent est placé dans le fonds en euros garanti et dans des fonds actions ou obligataires, selon vos choix, comme pour une assurance vie.
- Lors du départ en retraite ou après, le capital accumulé sera transformé en un revenu garanti versé mensuellement ou trimestriellement jusqu’à votre mort, une rente viagère dans le jargon.
A noter : vous pourrez récupérer 20 % de la somme accumulée en capital, voire 100 % si c’est pour acheter votre résidence principale, mais 80 % de la somme sera obligatoirement versée en rente viagère.
Épargner pour sa retraite, OK. Mais comment ?
Aucune condition d’âge n’est requise pour ouvrir un PERP, à 30 comme à 60 ans c’est possible, et aucune durée minimale d’épargne n’est fixée. Attention, c’est un placement tunnel : l’argent versé est bloqué jusqu’à votre retraite, donc irrécupérable sauf cas exceptionnels (décès du conjoint ou du partenaire pacsé, invalidité, fin des allocations chômage, liquidation judiciaire pour les non-salariés).
En cas de décès pendant la phase d’épargne, une rente sera versée à la personne que vous aurez désignée ou aux enfants mineurs.
Avec son avantage fiscal immédiat, le PERP est une solution attractive. A condition d’investir dans un produit de qualité, aux frais réduits et à l’offre financière étoffée.
Des économies d’impôt immédiates
L’atout phare du PERP est fiscal. Les sommes versées sont déductibles des revenus dans la limite de 10 % des revenus professionnels de l’année précédente.
Exemple : vous versez 10 000 € dans un PERP alors que vous êtes dans la tranche marginale d’imposition à 41 %, votre économie d’impôt sera de 4 100 € !
Bon à savoir : cette enveloppe peut être majorée des droits à déduction non utilisés pendant trois ans et dans un couple, il est possible d’utiliser les droits de son conjoint ou partenaire pacsé.
Bien sûr, ces cadeaux fiscaux ne sont pas sans contrepartie. A la sortie, la rente perçue sera imposable comme une pension de retraite.
A noter : dans le cadre de l’instauration du paiement de l’impôt sur le revenu par retenue à la source en 2019, l’année 2018 est une année de transition dont les revenus ne sont pas totalement imposés (l’année blanche fiscale).
Si en 2018 les mécanismes de « réductions d’impôts » devraient faire l’objet de remboursements, les mécanismes de « déduction » dont font partie les versements sur les PERP ne produiront pas d’effet fiscal.
Pour autant, un mécanisme visant à limiter les stratégies qui consisteraient à reporter en 2019 les primes qui auraient pu être versées en 2018 s’appliquera : si les primes versées en 2018 sont inférieures aux primes versées en 2017 et en 2019, le montant déductible des primes versées en 2019 sera limité à la moyenne des primes versées en 2018 et en 2019.
Le PERP qui doit y aller ?
Des avantages fiscaux à l’entrée, un revenu à vie à la sortie, l’emballage est séduisant. Pas si vite, les contreparties sont importantes : blocage des fonds, pas de transmission du capital en cas de décès, etc.
Soyez lucide, le PERP est fait pour vous à deux conditions :
- Un, vous êtes imposé dans les tranches marginales à 30 %, 41 % ou 45 %, ce qui vous permettra de réduire significativement votre impôt. Non-imposable et même petit contribuable, s’abstenir !
- Deux, vous êtes suffisamment à l’aise financièrement pour accepter le blocage de votre épargne.
Si vous remplissez ces deux critères, investir sur un PERP a du sens, encore faut-il que le produit choisi soit de qualité. La réduction d’impôt immédiate, identique que le plan souscrit soit bon ou mauvais, ne doit pas vous aveugler, c’est un bonus. Le but de ce placement est d’obtenir la rente la plus élevée possible au terme, ce qui va dépendre en grande partie des performances financières du PERP souscrit et des frais prélevés par l’assureur.
La chasse aux bons PERP
Une petite centaine de PERP sont commercialisés sur le marché. Force est de constater qu’ils sont de qualité très inégale, souvent marqués par des frais élevés sur les versements (3 à 4 % observés sur les contrats bancaires) et une offre financière limitée.
Les rendements du fonds en euros, support indispensable pour sécuriser son capital notamment à l’approche de la retraite, sont aussi peu reluisants.
Vous l’avez compris, il y a mieux à faire. Votre salut passe par des réseaux de distribution indépendants, principalement les courtiers en ligne. Les PERP y sont beaucoup moins chargés en frais (0 % sur les versements et la plupart des arbitrages) avec des solutions d’investissement plus complètes.
N’hésitez pas à changer de PERP !
En matière d’épargne, le pire est de rester prisonnier d’un mauvais produit. Avec le PERP, vous avez deux portes de sortie.
La première, il n’y a aucune limite au nombre de PERP détenus au sein d’un même foyer fiscal. Par conséquent, notamment si votre retraite est lointaine, cessez d’alimenter votre mauvais PERP et ouvrez-en un autre ailleurs, de meilleure qualité cette fois.
Seconde issue : le transfert chez un autre assureur. C’est autorisé sans contrainte de motivation de sa demande ni de minima de détention. Parmi les 2,5 millions de détenteurs d’un PERP, beaucoup y auraient intérêt. Attention, on peut y laisser des plumes. Des frais de transfert jusqu’à 5 % peuvent être prélevés les 10 premières années, et votre capital peut être amputé par l’assureur en cas de moins-values latentes sur son portefeuille d’actifs.
Toutefois, sauf à être aux portes de la retraite, la bascule sera vite payante en optant pour un PERP plus rémunérateur et sans frais d’entrée. D’autant que certains opérateurs prennent tout ou partie des frais de transfert à leur charge et s’occupent des procédures, ce qui écourte les délais et simplifie la tâche des épargnants.