Si l’on se fie au jargon financier, l’ISR consiste à intégrer les principes du développement durable aux placements financiers. On doit se rendre à l’évidence, difficile d’en comprendre les contours sans en décortiquer un peu le propos.
Qu’est-ce que l’ISR ?
Le principe de l’ISR est de prendre acte des considérations écologiques, sociales et de gouvernance (ESG) au sein de la sphère économique, en tenant compte de critères extra-financiers en plus des critères financiers classiques.
Ces premiers servant à quantifier l’impact des investissements et à les classer par thématique de façon à influer positivement sur la société.
Une entreprise socialement responsable (ESG) s’appuie sur trois critères majeurs :
- Le critère environnemental d’abord, renvoie à l’impact de l’entreprise sur les milieux naturels. Sa capacité à réduire sa consommation d’énergie, le recours aux énergies renouvelables ou encore son impact en termes d’émission de gaz à effet de serre.
- Sur le plan social, les entreprises doivent également promouvoir le respect des Droits de l’Homme ou encore le bien-être au travail de leurs salariés. Tout ce qui touche de près ou de loin à la relation de l’entreprise vis-à-vis de ses salariés quant à leur environnement de travail en somme.
- Enfin, le dernier critère est celui de la gouvernance de l’entreprise. Cette dernière, pour répondre aux critère ESG, se doit d’être transparente en matière financière et de prôner la parité.
En parallèle, l’ISR peut aussi prendre la forme de fonds d’exclusion, c’est-à-dire que certains secteurs prédéfinis peuvent être exclus d’un fonds d’investissement. Sur le plan environnemental par exemple, des activités comme la fabrication de pesticides peuvent être décrites comme néfastes et donc mises à l’écart d’un fonds.
L’importance capitale de l’épargne responsable
Que l’on soit d’accord ou non avec les trajectoires engagées, la réalité du changement climatique ne fait plus débat. Les accords se succèdent et la difficulté des Etats, des entreprises et des individus à modifier leurs pratiques rend l’ISR primordial pour amorcer le changement.
Ce type d’investissements permet en effet de placer son argent sur des activités moins polluantes, plus respectueuses des Droits de l’Homme et jouissant d’une meilleure image sur la question de la gouvernance des entreprises.
Objectif retenu ? Pousser les entreprises à adopter de bonnes pratiques, et ça marche !
En France, l’encours total des investissements responsables étaient de 1 860 milliards d’euros d’après l’AFG fin 2019 contre 1 458 milliards d’euros en 2018. Une forte progression qui montre l’engouement autour de l’épargne responsable.
Au-delà du greenwashing…
Dans les faits, dire qu’un produit financier, même labelisé ISR ou répondant à des critères ESG, est un investissement neutre et résilient en tout point serait une erreur. L’objectif est avant tout d’associer profit et respect de critères éthiques et environnementaux.
En évitant les entreprises polluantes, émettrices de gaz à effet de serre voire même fraudant le fisc, les investisseurs peuvent se targuer de diriger leurs capitaux vers des actifs objectivement plus vertueux.
Malgré tout, les critiques sont vives à l’égard de ces placements. Certains jugent que les critères d’attribution seraient trop opaques voire pas si « verts » que ça. Si l’épargnant veut comprendre où vont ses fonds, il va souvent devoir s’adonner à un peu de lecture.
Difficile par exemple de savoir si un cimentier nécessaire à la construction de logements sociaux mais très émetteur de CO2, est plus légitime à répondre de critères ESG qu’une entreprise de vente en ligne qui pollue moins mais qui vend des objets non-essentiels.
C’est d’ailleurs en ce sens que l’autorité des marchés financiers (AMF) a décidé de mettre en place un module de vérification des connaissances des professionnels de la finance.
En clair, les prestataires de services d’investissement et les conseillers en investissement doivent pouvoir disposer d’un capital minimum de connaissances afin de pouvoir légitimement exercer leur métier. Sur les 120 questions de l’examen général, 15 seront désormais relatives à la finance responsable contre 4 par le passé. On voit donc bien la dynamique s’amorcer sur ces enjeux.
S’il est certain que les critères d’attribution du label ISR sont encore souples, le souhait des législateurs est avant tout de démocratiser sa diffusion.
Mais l’étau se resserre quant à son accès, et devrait à termes fournir des gages de qualité notables quant à son efficacité.
Parler de greenwashing semble donc faire écho à un manque de nuance évident. Oui l’épargne responsable a encore des progrès à faire mais la dynamique est ENFIN lancée !