Le compte à rebours pour la retraite commence au delà de la quarantaine, mais se constituer un bon complément de retraite implique de nombreuses années d’épargne.
Une étude de l’INSEE « Des évolutions du niveau de vie contrastées au moment du départ à la retraite » rédigée par Hicham Abbas (division Enquêtes et études démographiques, Insee) et publiée dans INSEE Première n°1792 constate qu’ « en moyenne, les personnes ayant liquidé leur retraite en 2013 ont un niveau de vie plus bas en 2016, trois ans après leur départ à la retraite, que celui qu’elles avaient en 2010, trois ans avant leur départ : – 6,9 % pour les femmes et – 9,1 % pour les hommes. C’est le cas pour six nouveaux retraités sur dix. »
Cette analyse porte sur les 3 ans avant et les 3 ans après la liquidation de la retraite
C’est une étude particulière qui porte sur deux périodes triennales avant et après la liquidation de la retraite : elle vise les 758 000 personnes ayant liquidé leur retraite en 2013 (première année où elles déclarent des pensions à l’administration fiscale), et elle compare leurs revenus dans les trois années précédant (2010- 2012) la liquidation de leur retraite et les trois années suivant cette liquidation (2014-2016).
Premier constat :
- Les seniors sont de moins en moins présents sur le marché du travail à mesure que leur âge augmente. Ainsi, trois ans avant leur départ à la retraite, 72 % des nouveaux retraités de 2013 ont perçu des revenus du travail, contre 67 % l’année qui précède leur départ.
- Au cours de cette même période, ces personnes sont un peu plus souvent au chômage : 11 % perçoivent des allocations chômage d’un montant supérieur à 500 euros par mois trois ans avant le départ à la retraite, contre 14 % l’année qui précède ce départ.
Second constat :
- Dans la majorité des cas, le passage à la retraite se traduit par une baisse de niveau de vie : en 2016, trois ans après leur départ à la retraite, 56 % des personnes parties à la retraite en 2013 ont un niveau de vie inférieur à celui qu’elles avaient en 2010.
En résumé, les ressources des années autour de la liquidation de la retraite se révèlent très variables :
De fait, au cours des deux années qui précèdent le départ à la retraite, le niveau de vie moyen des nouveaux retraités de 2013 baisse de manière continue.
Ensuite, il augmente l’année du départ à la retraite (notamment grâce à la perception de primes de départ à la retraite qui peuvent atteindre dans certaines branches professionnelles plusieurs mois de salaires, ainsi qu’à la liquidation de certaines retraites complémentaires de faibles montants qui sont alors versées en capital).
Puis le revenu diminue, de manière importante l’année qui suit la liquidation de la retraite, et il baisse plus modérément les deux années suivantes.
Une baisse de revenus qu’il faut compenser au maximum
Le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) lors de sa séance plénière du 9 juillet 2020 ayant examiné les conditions de « Passage à la retraite et comportements des retraités » a reconnu : « En effet, les ménages qui ont la capacité d’épargne la plus élevée subissent bien une baisse de revenus lors du passage à la retraite, qu’ils peuvent souhaiter compenser par une épargne en fin de vie active suivie d’une désépargne à la retraite ».
Quand faut-il épargner pour sa retraite ?
« Ces nouveaux retraités avaient en moyenne 62 ans et 9 mois pour les femmes et 61 ans et 8 mois pour les hommes » constate l’étude INSEE ci-dessus mentionnée.
Autrement dit, si on a une baisse de revenus les trois années précédant les 62 ans, il faut donc épargner bien avant 59 ans.
- En supposant qu’une dizaine d’années au minimum soit nécessaire pour se constituer un véritable complément de retraite la dernière période utile pour se constituer une épargne retraite serait 49 à 59 ans.
- Si on doit disposer d‘au moins 15 ans pour se constituer un solide complément de retraite, ce serait alors la tranche d’âge 44 à 59 ans qui devrait donner le coup de pouce final à son épargne retraite. Cette tranche d’âge correspond aussi à celle où l’on est le plus établi dans la vie et même si le logement familial n’est pas totalement payé, les premières années des remboursements des crédits – les plus difficiles – sont passées.