En raison de la crise sanitaire les prévisions économiques deviennent incertaines tant que la durée de cette crise ne sera pas connue. Voici cependant quelques réflexions issues des meilleures sources que sont notamment les analyses de l’OCDE et de la banque centrale européenne (BCE).
Légère dégradation de la situation sur le marché du travail
Le coronavirus freinerait le recul du chômage au niveau européen.
Le taux moyen de chômage en Europe prévu pour 2020 s’établissait à 7,4 % en décembre 2019 et il est passé à 7,6 % dans les prévisions de la BCE publiées le 16 mars 2020.
Pour l’année 2021, le taux moyen de chômage européen s’élevait dans les prévisions publiées en décembre 2019 à 7,2 %, les prévisions de mars 2020 le porte à 7,6 %.
Récession en 2020
L’activité des entreprises et des prestataires de services étant au ralenti pour une durée indéterminée, la France passerait en croissance négative en 2020, mais l’économie devrait se reprendre dès la fin 2020. Le communiqué de presse du 19 mars 2020 sur le projet de loi de finances rectificative prévoit que la croissance française serait négative à – 1 % contre + 1,3 % initialement prévu.
On constate également un affaiblissement du commerce international qui va durer plusieurs mois et freiner la croissance mondiale.
Par contre, la baisse du pouvoir d’achat entraînera-t-elle une diminution de l’épargne ou au contraire les craintes d’un autre cataclysme forceront-elles les épargnants à accroître leur bas de laine ?
Les marchés boursiers ont beaucoup souffert. On constate des baisses de 35 % sur les grandes valeurs françaises et européennes en moins de 5 semaines. Ne doit-on pas en profiter pour envisager de revenir PRUDEMMENT sur des unités de compte dans son contrat d’assurance-vie, son contrat de capitalisation, par exemple, en mettant en place des versements programmés ?
Les taux ne devraient guère bouger en raison des interventions des banques centrales (BCE et FED).
L’immobilier refuge ou pas ?
Une grande inconnue est celle du comportement de l’immobilier : va-t-il servir de valeur refuge ou au contraire les disponibilités des ménages pour acquérir un bien ayant fondu à cause de la crise, vont-elles réduire les demandes des acheteurs et donc créer une baisse si l’offre ne s’adapte pas. « Il existe une corrélation importante entre les mouvements du marché boursier et les volumes investis dans les trois principaux marchés immobiliers » (AEW, Research flash report du 18 mars 2020) .
Côté SCPI, celles qui louent des emplacements commerciaux de seconde zone pourraient voir leur rentabilité diminuer si certains de leurs locataires ont de difficultés à payer leur loyer. En revanche, les SCPI et OPCI au patrimoine de qualité ne devraient pas souffrir, même si les valeurs de parts pourraient moins progresser (voire stagner ?) dans un futur proche que par le passé.
Les taux des crédits immobiliers devraient rester bas. Ceci dit, les banques donneront peut être plus la priorité au financement des entreprises que des particuliers… Mais il n’est pas question de geler les prêts immobiliers.
Heureusement peu d’inflation
« Les effets nets de ces chocs combinés sont déflationnistes, l’inflation des prix à la consommation étant ramenée à environ 1⁄4 de point de pourcentage en 2020 dans les économies de l’OCDE » selon les perspectives économiques de l’OCDE, rapport intermédiaire de mars 2020. En France, on devrait constater une diminution de l’inflation qui s’élèverait à + 0,6 % en 2020, notamment du fait de la forte baisse des cours du pétrole.
Un déficit public aggravé
Mais la grande crainte devrait être une forte hausse du déficit public, car si l’État tient ses promesses de report d’imposition et de report des charges sociales pour relancer les entreprises, il devra mettre la main à la poche. D’ailleurs, la loi de finances rectificative pour 2020 adoptée le 20 mars 2020 met en place au total environ 45 Md€ de mesures directes et 300 Md€ de garanties. Ceci va accroître la dette de l’État français, laquelle n’est pas déjà l’une des meilleures d’Europe, la France étant, sur ce point, un mauvais élève.
Pour François Ecalle (FIDECO) « Les mesures visant à freiner la propagation du coronavirus auront un impact fortement négatif sur l’activité économique…./… Il est très important que les nécessaires mesures de relance de l’activité et de soutien des ménages et entreprises soient temporaires pour que le déficit structurel n’augmente pas. » (L’impact de la crise sur les finances publiques).
Enfin, la dernière question que l’on peut se poser, c’est : qui va payer l’addition finale ? Le contribuable français ?