Zone Euro : Un léger ralentissement de la croissance causé par l’affaiblissement du commerce mondial
Les projections macroéconomiques pour la zone Euro établies par les services de la Banque Centrale Européenne (BCE) et publiées en septembre 2018 prévoient un léger ralentissement de la croissance du Produit intérieur Brut (PIB) en volume, revenant de 2,0 % en 2018 à 1,7 % en 2020 du à une atténuation progressive de l’effet de relance procuré par les échanges internationaux.
Contrecoup de l’affaiblissement du commerce mondial
L’expansion économique de la zone euro s’est ralentie au premier semestre 2018, essentiellement en raison d’un affaiblissement du commerce mondial. Un ralentissement de la demande extérieure devrait freiner la progression des exportations en 2018 et 2019.
Les fondamentaux économiques résistent
A moyen terme, les fondamentaux nécessaires au maintien de l’expansion économique sont toujours présents. Plusieurs facteurs favorables devraient continuer de soutenir la demande intérieure :
- L’orientation très accommodante de la politique monétaire de la BCE reste transmise à l’économie. La croissance de l’activité de prêt au secteur privé se maintient grâce à des taux d’intérêt bas et des conditions d’octroi favorables. La diminution des besoins de désendettement contribuera également au dynamisme des dépenses privées.
- L’orientation budgétaire devrait devenir légèrement expansionniste en 2019 et être globalement neutre en 2020.
- La consommation privée et l’investissement dans l’immobilier résidentiel bénéficieraient en outre de la bonne santé des marchés du travail et d’une hausse du patrimoine net des ménages.
- Parallèlement, l’investissement des entreprises continuera de progresser, dans un contexte d’augmentation des bénéfices et d’utilisation élevée des capacités de production.
- Les exportations de la zone euro devraient tirer parti de l’expansion actuelle de l’activité économique mondiale et de la progression correspondante de la demande extérieure.
Inflation moyenne à 1,7 % pour 2018 et les deux années à venir
La hausse de l’IPCH (Indice des Prix à la Consommation Harmonisé) devrait s’établir à 1,7 % en moyenne chaque année de la période de projection, malgré une certaine volatilité sur base trimestrielle. La trajectoire stable du taux d’inflation annuel moyen masque une baisse du rythme de variation annuel de la composante énergie, liée à l’atténuation des effets des augmentations antérieures des cours du pétrole, qui est compensée par une accélération progressive de l’inflation hors énergie et produits alimentaires, associée au renforcement des contraintes de capacité.
La moyenne des anticipations d’inflation à plus long terme demeure stable à 1,9 %.
Les revenus salariaux en hausse
La hausse du revenu réel disponible devrait s’accélérer en 2018 et 2019, avant de ralentir en 2020. La contribution des salaires et rémunérations bruts à la progression du revenu disponible nominal augmenterait nettement en 2018, sous l’effet d’une plus forte hausse des salaires, avant de diminuer légèrement durant le reste de l’horizon de projection, les nouvelles accélérations de la croissance des salaires nominaux étant plus que compensées par l’incidence du fléchissement de l’emploi.
Le taux d’épargne des ménages devrait augmenter graduellement
Le taux d’épargne a reculé en 2017, traduisant principalement l’amélioration de la situation économique et financière des ménages, une certaine résorption de la demande non satisfaite dans un contexte où les gros achats ont été reportés et également en raison des taux d’intérêt très faibles influençant la tendance des ménages à moins épargner. Le taux d’épargne augmenterait sur l’horizon de projection (2018 à fin 2020), principalement en lien avec une normalisation du contexte d’expansion conjoncturelle. En outre, les réductions de la fiscalité directe dans certains pays devraient pousser les ménages à accroître leur épargne.
En résumé pour la zone Euro :
- tendance légèrement baissière pour le PIB
- consommation privée stable sur la période triennale
- consommation publique en légère hausse
- taux de chômage en très faible diminution pour 2018
- inflation inchangée à 1,7 % l’an en moyenne
ZONE EURO | 2018 | 2019 | 2020 | |
PIB en volume | Prévision juin 2018 Prévision septembre 2018 |
1,7% 1,7% |
2% 2,1% |
1,8% 1,9% |
Consommation privée | Prévision juin 2018 Prévision septembre 2018 |
1,5% 1,6% |
1,7% 1,7% |
1,6% 1,5% |
Consommation publique | Prévision juin 2018 Prévision septembre 2018 |
1,4% 1,3% |
1,4% 1,3% |
1,3% 1,2% |
Taux de chômage(% de la population active) | Prévision juin 2018 Prévision septembre 2018 |
8,3% 8,4% |
7,8% 7,8% |
7,4% 7,3% |
Inflation | Prévision juin 2018 Prévision septembre 2018 |
1,7% 1,7% |
1,7% 1,7% |
1,7% 1,7% |
Projections macroéconomiques pour la zone euro établies par les services de la BCE, septembre 2018 |
Zoom sur la France : la croissance annuelle française serait de 1,6 % en 2018, 2019 et 2020, en repli par rapport à 2017
La synthèse des projections pour la France de la Banque de France a été finalisée le 5 septembre 2018. Elle intègre les comptes nationaux trimestriels publiés par l’Insee le 29 août 2018.
Les projections macroéconomiques de la Banque de France font état d’une « croissance française pour les prochaines années qui serait de 1,6 %, inférieure à son pic de 2017 (+2,3%) » étant précisé que la contribution du commerce extérieur à la croissance française resterait nettement positive en 2018 puis serait neutre ensuite. Notons, tout de même que cette prévision de croissance nationale est plus faible que celle prévue pour la zone Euro.
« Cette croissance resterait supérieure à la croissance potentielle, ce qui contribuerait à la poursuite de la baisse du taux de chômage » explique la Banque de France. Néanmoins, le taux de chômage français (9,1 % en 2018, 8,8 % en 2019 et 8,5 % en 2020) est supérieur d’un point à la moyenne de la zone Euro.
L’inflation totale atteindrait 2,1 % en moyenne annuelle en 2018, sous l’effet notamment des prix de l’énergie, avant de redescendre à 1,7 % en 2019 et 1,8 % en 2020. Autrement dit, une inflation plus élevée que la moyenne estimée pour la zone Euro.
« Le pouvoir d’achat des ménages progresserait de façon soutenue sur la période », mais les chiffres de la Banque de France indiquent, cependant, une consommation privée inférieure à celle de la moyenne de la zone Euro. D’ailleurs, la Banque de France use d’une formule sibylline pour l’évoquer : « La demande intérieure reviendrait plus en ligne avec ses déterminants habituels après deux années particulièrement dynamiques ».
En résumé, la France est loin d’être le meilleur élève de la zone Euro.
Rappelons, toutefois, que les projections sur un horizon aussi long sont soumises à une très forte incertitude.