Les évolutions économiques et financières dans la zone Euro ne sont pas mauvaises, bien que la dette publique pèse fortement sur chaque économie nationale. Quant à la croissance mondiale, elle est toujours bonne, mais elle se tasse.
Pour sa part, l’AMF n’exclut pas une correction
L’Autorité des Marchés Financiers a publié le 5 juillet 2018 l’édition 2018 de sa cartographie des marchés et des risques.
Dans un environnement économique dont le dynamisme porteur pourrait être menacé (remontée trop rapide des taux d’intérêt, endettement excessif, guerre commerciale, ou vulnérabilité de certains pays émergents), le risque numéro 1 identifié par le régulateur à la mi-année 2018 reste celui d’une correction brutale du prix des actifs financiers. De plus, le diagnostic pour les mois à venir laisse entrevoir des incertitudes pesant sur le fonctionnement des marchés avec l’échéance du Brexit en mars 2019 ou avec les effets structurels de nouvelles réglementations.
L’Autorité des Marchés Financiers précise qu’« Entre une croissance économique à la hausse au niveau mondial, comme en zone euro, et une normalisation de la politique monétaire menée sans accroc aux États-Unis, le contexte des douze derniers mois s’est révélé porteur pour les marchés financiers, aussi bien en termes de valorisation que de levées de fonds. Pourtant, l’épisode de pic de volatilité de février 2018 dénote une certaine fragilité, et la période écoulée a également été marquée par de nouvelles menaces de guerre commerciale venues s’ajouter à des tensions géopolitiques. Le risque qu’aucun accord de retrait ni aucune période de transition ne soient approuvés avant le 29 mars 2019, date de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, crée une grande incertitude pour les acteurs de marché, obligés de se préparer à toutes les éventualités. Le scénario d’un retrait brutal (hard Brexit) pose ainsi à toutes les parties prenantes des questions en termes de continuité d’activité ».
Dans le même temps, l’entrée en application, récente ou à venir, de réglementations nouvelles induit des changements structurels. L’AMF a ainsi consacré un développement spécifique aux premières conséquences du nouveau cadre des marchés financiers MIF2 sur la structure des échanges. L’objectif de transparence accrue risque de ne pas être atteint compte tenu des stratégies développées par les acteurs.
Au total, l’exercice 2018 de cartographie des risques mené par l’Autorité des marchés financiers l’a conduite à constater la permanence de certains risques élevés ou leur aggravation parmi lesquels :
- une correction brutale des prix des actifs qui reste le premier risque pour les marchés financiers ;
- un endettement non soutenable en raison de l’absence d’inflexion des trajectoires de dette et du poids croissant des émetteurs moins bien notés ;
- un manque de coordination internationale des politiques monétaires, budgétaires ou des réglementations financières ;
- un risque en matière de fonctionnement des marchés, en cas de hard Brexit.
Certains risques ont, au contraire, été revus à la baisse ou sont considérés de faible niveau, parmi lesquels :
- la profitabilité des institutions financières, grâce à la forte croissance économique et à la normalisation monétaire qui débute ;
- le financement des entreprises, compte tenu de l’abondance d’offre disponible à des conditions avantageuses ;
- la disponibilité d’actifs laissés en garantie d’opération de financement ou de couverture (collatéral), les difficultés rencontrées l’an passé sur ce marché ayant disparu.
La balance mensuelle des paiements de la zone euro est en forme en juin 2018
- En juin 2018, le compte des transactions courantes de la zone euro a enregistré un excédent de 24 milliards d’euros, soit le même montant qu’en mai 2018.
- Sur la période de 12 mois s’achevant en juin 2018, le compte des transactions courantes a affiché un excédent de 406 milliards d’euros (3,6 % du PIB de la zone euro), contre 352 milliards (3,2 % du PIB de la zone) sur la période de 12 mois s’achevant en juin 2017.
- Dans le compte financier, sur la période de 12 mois s’achevant en juin 2018, les résidents de la zone euro ont effectué des achats nets de titres d’investissements de portefeuille étrangers de 482 milliards d’euros (contre 495 milliards sur la période de 12 mois s’achevant en juin 2017), tandis que les achats nets des non-résidents en titres d’investissements de portefeuille de la zone euro se sont élevés à 150 milliards (contre 191 milliards sur la période de 12 mois s’achevant en juin 2017).
(BCE Eurosystème, communiqué de presse du 17 août 2018)
Malgré un fléchissement, la croissance économique se poursuit
« La croissance du PIB en volume de la zone euro en glissement trimestriel s’est ralentie à 0,4 % au premier trimestre 2018, après 0,7 % lors des trois trimestres précédents. Ce fléchissement traduit un recul par rapport aux niveaux très élevés de croissance enregistrés en 2017 et est lié principalement à une contribution plus faible des échanges commerciaux, très dynamiques jusqu’alors, accentuée par une hausse de l’incertitude et certains facteurs temporaires et d’offre au niveau tant domestique que mondial. »
Les indicateurs économiques et résultats d’enquêtes récents se sont stabilisés et continuent d’indiquer une poursuite de la croissance économique solide et généralisé, conformément aux projections macroéconomiques de juin 2018 pour la zone euro établies par les services de l’Eurosystème.
« Nos mesures de politique monétaire, qui ont facilité le processus de désendettement, continuent de soutenir la demande intérieure. La consommation privée est confortée par la poursuite des créations d’emplois, qui, quant à elles, reflètent partiellement les réformes passées des marchés du travail, ainsi que par l’augmentation de la richesse des ménages. L’investissement des entreprises est soutenu par les conditions de financement favorables, la hausse de leur rentabilité et une forte demande. L’investissement immobilier résidentiel reste robuste. De plus, la croissance largement répartie de la demande mondiale devrait se poursuivre et favoriser les exportations de la zone euro. »
Les risques pesant sur les perspectives de croissance de la zone euro peuvent encore être considérés comme globalement équilibrés. Les incertitudes liées aux facteurs mondiaux, notamment la menace protectionniste, demeurent fortes. Par ailleurs, le risque d’une élévation persistante de la volatilité des marchés financiers doit toujours être surveillé.
La hausse annuelle de l’IPCH (inflation) dans la zone euro s’est accélérée, s’établissant à 2,0 % en juin 2018, contre 1,9 % en mai, en raison essentiellement de l’augmentation des prix de l’énergie et des produits alimentaires. Sur la base des prix actuels des contrats à terme sur le pétrole, les taux annuels d’inflation devraient fluctuer autour de leur niveau actuel jusqu’à la fin de l’année. Si les mesures de l’inflation sous-jacente restent globalement modérées, elles ont augmenté par rapport aux points bas passés. …/… Dans la période à venir, l’inflation sous-jacente devrait s’accélérer vers la fin de l’année et progresser graduellement à moyen terme, soutenue par nos mesures de politique monétaire, la poursuite de la croissance économique, la résorption correspondante de la sous-utilisation des capacités productives et l’accélération de la hausse des salaires. …/ …
Afin que les effets bénéfiques de nos mesures de politique monétaire puissent se faire sentir pleinement, d’autres pans de la politique économique doivent apporter une contribution plus décisive au rehaussement du potentiel de croissance à plus long terme et à la réduction des vulnérabilités. La mise en œuvre de réformes structurelles dans les pays de la zone euro doit être nettement accélérée pour améliorer sa capacité de résistance, y réduire le chômage structurel et raffermir sa productivité et son potentiel de croissance »
(Déclaration du 26 juillet 2018, de Mario Draghi, président de la BCE et de Luis de Guindos, vice-président de la BCE).
L’épargne et l’investissement non financier sont en hausse
L’épargne nette de la zone euro a été plus élevée au premier trimestre 2018 qu’au premier trimestre de l’année précédente. L’investissement non financier (net) total dans la zone euro a augmenté, passant à 4,3 % du revenu disponible net (contre 3,8 % il y a un an), la hausse de l’investissement des ménages et des sociétés non financières (SNF) n’ayant été contrebalancée qu’en partie par un investissement net négatif de la part des administrations publiques. La capacité nette de financement de la zone euro vis-à-vis du reste du monde est demeurée globalement inchangée par rapport au niveau enregistré un an auparavant. (BCE communiqué du 27 juillet 2018).
Le plan Juncker est une réussite et il va être prolongé
La Commission européenne et le groupe de la Banque européenne d’investissement (BEI) ont tenu leur engagement de mobiliser 315 milliards d’euros d’investissements supplémentaires dans le cadre du plan d’investissement pour l’Europe.
Le plan Juncker a été lancé en novembre 2014 afin d’inverser la tendance à la baisse des niveaux d’investissement et de placer l’Europe sur la voie de la reprise économique.
Soutenues par une garantie du budget de l’Union européenne et les ressources propres du groupe BEI, 898 opérations ont été approuvées, ce qui devrait générer 335 milliards d’euros d’investissements dans l’ensemble des 28 États membres de l’UE, plus que l’objectif initial fixé. Le président Jean-Claude Juncker a déclaré : « Nous avons dépassé l’objectif initial de 315 milliards d’euros d’investissements, et le Fonds européen pour les investissements stratégiques devrait créer 1,4 million d’emplois et augmenter le PIB de l’UE de 1,3 % d’ici à 2020 ».
Compte tenu de son succès, le Conseil européen et le Parlement ont décidé de prolonger sa durée et d’accroître sa capacité pour atteindre 500 milliards d’euros d’ici à la fin de 2020. (Communiqué de la commission européenne).
L’endettement public est trop élevé
Le taux d’endettement des administrations publiques de la zone euro s’établit à 86,8 % du PIB au T1 2018, en légère hausse par rapport au trimestre précédent (+ 0,1 point).
Le ratio de dette publique continue de diminuer en Allemagne (- 1,2 point par rapport au T4 2017). Au contraire, il augmente en Italie (+ 1,6 point), en France (+ 0,8 point) et en Espagne (+ 0,5 point).
Le ratio de dette publique au T1 2018 croît aux États-Unis (+ 1,9 point par rapport au T4 2017). En revanche, il baisse au Royaume-Uni (- 1,7 point), et, plus modérément, au Japon (- 0,6 point). (STAT INFO paru le 21 août 2018 « Taux d’endettement des agents non financiers – Comparaisons internationales » T1 2018)
Pour l’économie mondiale, les perspectives sont moins florissantes, mais néanmoins satisfaisantes
Le Fonds Monétaire International (juillet 2018) estime que l’expansion mondiale pourrait être moins égale et les tensions commerciales croissantes. « Selon les projections, la croissance mondiale devrait atteindre 3,9 % en 2018 et en 2019, ce qui correspond aux prévisions des Perspectives de l’économie mondiale d’avril 2018, mais l’expansion devient moins égale, et les risques entourant les perspectives augmentent. Le rythme de l’expansion semble avoir culminé dans certains grands pays et la croissance est devenue moins synchronisée. »