Dans le cadre du rapport annuel sur la France au titre de l’article IV de ses statuts, le FMI a publié le 26 juillet dernier son évaluation sur la situation économique du pays et la stratégie de réforme engagée par le gouvernement. Le FMI encourage la France à poursuivre ses réformes.
« Au cours de l’année écoulée, la France a accompli des progrès impressionnants à cet égard, et le programme de réformes à venir est tout aussi ambitieux », résume le FMI qui estime que « Grâce à sa longueur d’avance, la France est sur la bonne voie pour mener à bien un programme visant à éliminer les obstacles structurels persistants afin de doper l’emploi et de pérenniser la reprise, tout en renforçant sa résilience contre les chocs ».
Satisfecit français …
Autant dire que la réaction du ministère de l’Économie et des Finances à la publication de l’évaluation de la situation économique par le FMI est des plus positives : « Le FMI considère que les réformes engagées par le Gouvernement permettront d’améliorer significativement la situation économique de la France, et accueille tout particulièrement favorablement les ordonnances sur le marché du travail, la réforme fiscale, les réformes de la formation professionnelle, de l’apprentissage et de l’assurance chômage, et plus généralement les mesures axées sur l’environnement des affaires, la montée en gamme de notre économie et le développement des compétences. Au-delà des traditionnelles recommandations formulées par l’institution, le FMI relève le rythme élevé des réformes, estimant à cet égard que la France compte parmi les pays les plus actifs en Europe en termes de réformes structurelles. Cette appréciation du FMI conforte le Gouvernement dans sa volonté de poursuivre la transformation économique du pays engagée depuis plus d’un an » (Communiqué du ministère de l’Économie et des Finances n°612 du 26 juillet 2018).
Malgré des perspectives favorables il y a quelques ombres au tableau
Le FMI constate que « la reprise économique a stimulé les recettes fiscales et a contribué à réduire le déficit budgétaire à 2,6 % du PIB, soit en deçà du plafond de 3 % établi dans la procédure de déficit excessif …/ … À moyen terme, la croissance devrait se modérer et converger progressivement vers son potentiel à plus long terme, tandis que les réformes structurelles soutiendront la croissance de la productivité. Cependant, il subsiste des risques tant internes qu’externes. Sur le plan interne, la croissance sera plus faible si le rythme des réformes ralentit, ou si les réformes s’avèrent moins efficaces que prévu. Sur le plan externe, une montée des tensions commerciales, l’incertitude géopolitique ou une érosion de la confiance dans le projet européen pourraient peser sur les exportations et la croissance, tandis qu’une normalisation plus rapide que prévu des taux d’intérêt pourrait grever les bilans publics et privés ».
Les recommandations du FMI à la France
Le rapport du FMI formule les recommandations suivantes au gouvernement français :
- Réduire durablement le chômage :
- Réduire les obstacles réglementaires :
- Placer la dette publique sur une trajectoire résolument descendante :
- Renforcer les bilans du secteur privé :
Les autorités devraient exécuter le restant des réformes prévues dans le domaine de la formation professionnelle et l’apprentissage en vue de réduire l’asymétrie des compétences, d’abaisser le chômage structurel et d’améliorer l’accès à l’emploi des groupes défavorisés. D’autres mesures pourraient être envisagées pour mieux aligner les salaires sur la productivité, renforcer la formation professionnelle des jeunes et accroître les incitations au travail du système d’assurance-chômage.
Pour aider les entreprises à croître, à innover et à créer des emplois, les autorités devraient mettre en œuvre les mesures prévues en faveur du climat des affaires et de l’innovation (inscrites dans le projet de « loi pacte »). La poursuite de la libéralisation des professions réglementées (par exemple, celle de pharmacien) pourrait réduire les coûts tout en améliorant la qualité et les choix pour les consommateurs.
Il est urgent de réformer les dépenses de l’État à tous les niveaux afin de placer la dette publique sur une trajectoire résolument descendante. Ces réformes pourraient consister à mieux cibler les prestations sociales, à améliorer l’efficience de la fonction publique, du système de santé et des collectivités territoriales, et à modifier le régime de retraite. Dans un souci de crédibilité, les réformes devront être précisées assez tôt, en commençant par le budget de 2019.
Les autorités ont pris des mesures macroprudentielles en vue de remédier aux vulnérabilités liées à l’augmentation de la dette des entreprises. Il faudrait poursuivre les efforts pour renforcer davantage la résilience du secteur financier, en appliquant les changements réglementaires en cours à l’échelle internationale et en continuant d’avoir recours aux politiques macroprudentielles de façon préventive.
L’analyse du FMI apporte des bonnes raisons d’espérer et elle vient à point nommé à un moment où l’on apprend qu’en France la consommation des ménages a fléchi légèrement au deuxième trimestre 2018 (?0,1 % après +0,2 %), que le commerce extérieur a contribué négativement au produit Intérieur brut (PIB) au second trimestre (à cause des importations plus élevées) et que l’inflation annuelle pourrait dépasser les 2 % (estimation provisoire à 2,3 % publiée le 31 juillet 2018 par l’INSEE) et dont les principales causes seraient les prix de l’énergie, les coûts des services et les prix des produits alimentaires.