Pour rétablir la croissance économique mondiale le Fonds Monétaire International (FMI) recommande à la fois des mesures financières (notamment : lutte contre l’inflation, réduction de l’endettement excessif) et des mesures sociales et écologiques (lutte contre l’extrême pauvreté et le changement climatique).
En avant-première des dernières prévisions économiques du FMI publiées le 14 octobre 2022 Kristalina Georgieva, Directrice générale du FMI, a prononcé un discours à l’Université de Georgetown, (Washington) le 6 octobre 2022. Elle dresse un tableau réaliste et malheureusement accablant. Néanmoins, la directrice du FMI suggère des axes de solutions.
Des chocs importants et consécutifs
« En moins de trois ans, nous avons été frappés par de multiples chocs successifs : Tout d’abord, la pandémie de COVID-19 ; ensuite, l’invasion de l’Ukraine par la Russie ; enfin, les catastrophes climatiques survenues sur tous les continents.
Ces chocs ont infligé des souffrances incommensurables aux populations. Leurs effets conjugués entraînent une flambée mondiale des prix, en particulier des denrées alimentaires et de l’énergie, qui débouche sur une crise du coût de la vie. Or ces chocs sont plus difficiles à surmonter du fait de la fragmentation de l’espace géopolitique ».
L’économie mondiale traverse une phase de mutation profonde
« Nous passons d’un monde relativement prévisible et régi par des règles garantes de la coopération économique internationale, avec des taux d’intérêt bas et une inflation modérée…
… à un monde plus fragile et plus incertain, marqué par une plus grande volatilité économique, des confrontations géopolitiques et des catastrophes naturelles plus fréquentes et plus dévastatrices, un monde dans lequel n’importe quel pays peut se retrouver plus facilement et plus souvent à la dérive. »
Des effets désastreux sur la croissance
« De multiples chocs, dont une guerre insensée, ont complètement changé la donne économique. Loin de n’être qu’un phénomène passager, l’inflation est devenue plus persistante.
Les prix élevés de l’énergie et des denrées alimentaires, le durcissement des conditions financières et les contraintes persistantes sur l’offre ont ralenti la croissance. L’ensemble des grandes puissances économiques mondiales voient leur activité ralentir : la zone euro est gravement touchée par la réduction des approvisionnements en gaz en provenance de Russie, la Chine subit des perturbations liées à la pandémie et une contraction de plus en plus marquée de son marché immobilier, et la dynamique économique s’essouffle aux États-Unis, car l’inflation rogne le revenu disponible et la demande des consommateurs, tandis que la hausse des taux d’intérêt freine l’investissement. »
Cette situation se répercute sur les pays émergents et les pays en développement, qui subissent la baisse de la demande pour leurs exportations, et dont beaucoup se retrouvent en grande difficulté en raison du niveau élevé des prix des denrées alimentaires et de l’énergie.
Une révision à la baisse des prévisions de croissance de l’économie mondiale : seulement + 3,2 % pour 2022 et + 2,7 % pour 2023.
Voici les projections de croissance des perspectives de l’économie mondiale. La variation annuelle du PIB en % serait la suivante :
wdt_ID | Pays | 2021 | 2022 | 2023 |
---|---|---|---|---|
1 | Monde | 6% | 3,2% | 2,7% |
2 | USA | 5,7% | 1,6% | 1% |
3 | Zone Euro | 5,2% | 3,1% | 0,5% |
4 | France | 6,8% | 2,5% | 0,7% |
5 | Allemagne | 2,6% | 1,5% | - 0,3% |
6 | Espagne | 5,1% | 4,3% | 1,2% |
7 | Italie | 6,6% | 3,2% | - 0,2% |
Les solutions proposées
La directrice générale du FMI a posé trois axes prioritaires :
1. Premièrement, il convient de garder le cap dans la lutte contre l’inflation.
2. La deuxième priorité immédiate consiste à mettre en œuvre une politique budgétaire responsable et protectrice des plus fragiles, sans alimenter l’inflation.
« Étant donné la gravité de la crise du coût de la vie, les pouvoirs publics doivent prendre des mesures budgétaires à la fois provisoires et qui s’adressent de manière très ciblée aux ménages plus pauvres. Dans les pays où les prix de l’énergie sont susceptibles de rester élevés, les pouvoirs publics peuvent aider directement les ménages à revenu faible ou intermédiaire …./…. Il faut absolument s’abstenir de prendre des mesures de soutien budgétaire à tous vents, car à grande échelle elles stimulent la demande de telle sorte qu’il devient encore plus difficile de juguler l’inflation ».
3. Notre troisième priorité consiste à soutenir collectivement les pays émergents et les pays en développement.
« Dans le contexte actuel, de nombreux pays ont besoin d’aide pour faire face à la hausse de leur endettement, provoquée par la crise de la COVID-19 ».
« Pour cela, nous devons nous attaquer aux effets délétères de la fragmentation. Je vais vous citer quelques domaines où il est essentiel de renforcer la coopération internationale :
A. Nous devons intensifier nos efforts pour lutter contre l’insécurité alimentaire aiguë qui frappe aujourd’hui 345 millions de personnes,.
B. De plus, nous avons besoin d’une coopération beaucoup plus forte pour faire face à la menace qui pèse sur l’existence même de l’humanité, le changement climatique.
On peut survivre à l’inflation, on peut survivre à une récession, mais on ne peut pas survivre à une crise climatique non maîtrisée. La COP27 aura lieu le moins prochain : c’est le moment de prendre des décisions radicales.
C. Accélérer la transition vers des économies plus vertes et durables
Le FMI a créé son premier instrument de prêt à long terme, le fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité. Ce sera essentiel pour mobiliser les billions de dollars nécessaires aux mesures d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets. Par ailleurs, les analyses du FMI ajoutent que « Le monde doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 25 % avant la fin de la décennie en cours pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Les progrès requis pour accomplir cette transformation majeure auront inévitablement des coûts économiques à court terme, mais ces derniers sont éclipsés par les innombrables bienfaits à long terme d’un ralentissement du changement climatique ».
Le FMI, dont le siège est à Washington (USA), est une organisation composée de 190 pays membres qui s’emploie à encourager la coopération monétaire internationale, assurer la stabilité financière dans le monde, faciliter le commerce international, promouvoir une croissance économique durable et un niveau d’emploi élevé, et réduire la pauvreté dans le monde. La mission première du FMI est de veiller à la stabilité du système monétaire international, en d’autres termes, le système international de paiements et de change qui permet aux pays et à leurs citoyens de procéder à des échanges entre eux.