Voilà une rentrée qu’on voudrait dynamique, mais les marchés financiers restent très incertains … Souhaitons que l’absence de direction des marchés ne se transforme pas en une orientation baissière alors que l’économie mondiale est encore bien dynamique et que le prix du pétrole reste acceptable… Mais les aléas politiques pourraient faire la différence.
Cet été on a connu des marchés sous tension. Et il y a peu de chance que la rentrée soit différente, on s’attend toujours à de la volatilité. Les quatre derniers mois de l’année permettront-ils d’afficher une performance quelque peu positive ?
Une certaine instabilité
Dans le « Grand Angle » du mois de septembre 2018 (achevé de rédiger le 28 août 2018) Jean Marie Mercadal, directeur général délégué en charge des gestions chez OFI AM, intitulé « Ni risk off, ni risk on » conclut sur le scénario suivant : « S’il n’y avait pas d’incertitude liée à la guerre commerciale et à la situation politique en zone Euro (budget à venir en Italie, question du successeur de Mario Draghi et élections européennes), nous serions dans une situation classique plutôt correcte : économie mondiale globalement en croissance, taux d’intérêt assez bas, prix du pétrole raisonnable… »
Mais vu les aléas politiques, les marchés pourraient évoluer sans grande tendance, au moins jusqu’aux élections de Mid Term aux États-Unis. Il est possible qu’après cette échéance électorale, Donal Trump « se calme » sur la guerre commerciale. Mais il est évidemment difficile de donner un pronostic sur la posture du Président américain !
En choix actions, OFI AM surpondère largement la Chine et fait confiance à la zone Euro et aux marchés émergents.
Économie politique : tout est parti à vau-l’eau
Le billet mensuel du docteur Leber, fondateur d’ACATIS, société de gestion indépendante allemande, analyse certains thèmes très saillants :
« Citons, par exemple, les politiques d’asile allemande et européenne. Il est inconcevable qu’un gouvernement puisse entrer dans une crise sans précédent sur un programme de 63 points dont on ne connait pas le contenu… /…Aujourd’hui, on « émotionalise » le débat dans les talk-shows et on négocie dans les arrière-boutiques. Au détriment de tous.
Prenons un autre exemple : le Brexit qui a été déclenché par des populistes sur la base d’estimations des coûts-avantages économiques peu sérieuses. Les dommages potentiels pour l’économie de la Grande-Bretagne et de l’Europe continentale sont immenses. Airbus et BMW annoncent dès aujourd’hui la délocalisation de certains sites de production. Tata fait monter la Jaguar E-Pace toute électrique par Magna en Autriche et non pas en Grande-Bretagne. Les prestataires de services financiers britanniques ne pourront plus offrir leurs services sur le continent.
Le troisième exemple concerne la politique douanière de Donald Trump, qui viole les accords commerciaux existants. …/… Les droits de douane, qui sont utilisés comme des armes, ne coûtent que de l’argent et des emplois, les avantages sont minimes. Trump souhaite toucher les constructeurs automobiles allemands entre autres. Sait-il que BMW exploite sa plus grande usine de production aux États-Unis et exporte 70 % de la production américaine ? »
Actions : le zénith a été atteint, mais …le potentiel demeure …
Thomas Schüssler, Coresponsable de la gestion actions chez DWS, souligne que les marchés actions ont encore du potentiel pour progresser, même si le pic de la croissance des bénéfices a été dépassé, en particulier aux États-Unis. Des attentes de croissance des bénéfices de l’ordre de 7 à 8 % subsistent et devraient être suffisantes pour pousser les prix encore plus haut. (Perspectives de marché de DWS : point de vue optimiste en phase avancée du cycle publié le 4 juillet 2018).
Malgré les doutes, la foi demeure
Pour John Greenwood, Économiste en chef d’Invesco « Les marchés ont été dernièrement aux prises avec une combinaison d’incertitudes, notamment l’intensification des tensions commerciales, le renforcement du dollar, le Brexit et les problèmes financiers et politiques qui perdurent en zone euro. Même si ces éléments sont de nature à rendre les marchés nerveux à court terme, John Greenwood estime qu’aucun de ces problèmes en lui-même n’est suffisant pour fragiliser les facteurs qui gouvernent le redressement du cycle économique mondial ».
Pour Ann-Katrin Petersen Vice Président, Global Economics & Strategy chez Allianz Global Investors « Il ne faut pas pour autant perdre de vue la réalité d’ensemble. En effet, malgré les signes attendus de ralentissement, la croissance mondiale devrait continuer d’évoluer pendant encore un certain temps au-dessus de son potentiel. Un ralentissement significatif de l’économie mondiale n’est pour l’instant pas à prévoir, moins encore une récession.
Quelles conséquences sont à anticiper sur les marchés financiers ?
Sur le plan mondial, la dynamique de la croissance devrait pour le moment rester favorablement orientée, même si, malgré un scénario sous-jacent globalement positif, la situation est de plus en plus contrastée d’un pays ou d’une région à l’autre. Un simple examen des chaînes de valeur mondiales montre à quel point les conséquences des conflits commerciaux peuvent varier selon les régions, les secteurs ou les entreprises. En résumé : à l’avenir, une plus grande dispersion des cours est à anticiper à l’échelle mondiale…/…
Dans un tel environnement, nous aurons besoin de toute l’habileté des gérants actifs. Des opportunités seront à saisir sur le front de la volatilité et dans le domaine de la divergence grandissante entre les pays ».
D’ailleurs, lors d’une conférence de presse donnée à Francfort-sur-le-Main, le 26 juillet 2018 (et faisant suite à la réunion de la BCE du même jour), Mario Draghi, président de la BCE et Luis de Guindos, vice-président de la BC ont déclaré : « Si les incertitudes, liées notamment à l’environnement commercial international, demeurent fortes, il ressort des informations disponibles depuis la dernière réunion du Conseil des gouverneurs que l’économie de la zone euro traverse une phase de croissance solide et généralisée. »
Pas de correction majeure en vue
Pour NN Investment Partners, il existe une faible probabilité d’une correction majeure sur les marchés à mesure que la dynamique comportementale s’améliore.
Bien que certaines secousses du marché aient été déclenchées récemment par la vente massive de positions parmi les valeurs « FAANG » (Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google), notamment Facebook et Netflix, ces événements n’ont pas été assez importants pour faire dérailler le marché, d’autant plus que la divergence de leur valorisation et de leurs performances signifie que les investisseurs font leurs devoirs pour évaluer les qualités relatives de chaque société.
Patrick Moonen, Principal Strategist Multi Asset, NN Investment Partners, explique : « Certains observateurs du marché considèrent ces événements comme le début d’une correction plus importante et plus large des marchés. Nous ne partageons pas cette vision. Au cours des dernières semaines, nous avons surtout constaté une amélioration des dynamiques du marché. Cela n’enlève rien au fait que dans certains segments de marché tels que les valeurs « FAANG » pour lesquelles les valorisations sont extrêmes, des corrections substantielles peuvent ou vont se produire sur la base d’un ajustement des attentes. Pour l’instant, je ne vois pas encore de contagion à d’autres segments de marché. Cependant, nous avons réduit dans notre allocation le poids des actions américaines en faveur des marchés émergents, c’est-à-dire que nous sommes passés d’une région relativement chère à une région relativement bon marché. Nous restons neutres sur les actions de la zone euro. »
Patrick Moonen poursuit : « Tous ces éléments prouvent qu’une large correction des actifs risqués a une faible probabilité. Bien entendu, si le différend commercial entre les États-Unis et leurs principaux partenaires commerciaux s’intensifie davantage, nous assisterons à une baisse des prévisions de croissance et à une faiblesse généralisée des actifs risqués. Les dernières données sur les commandes manufacturières en Allemagne étaient faibles et peuvent être un signe que les dépenses d’investissement sont affectées. A l’inverse, le résultat de la réunion entre Juncker et Trump a montré que le risque commercial peut aller dans les deux sens. L’escalade des guerres commerciales n’est pas notre scénario de base ni même le principal moteur de notre stratégie d’investissement. Néanmoins, rien de tout cela n’enlève rien au fait que dans certains segments de marché encombrés et influencés par le momentum, nous pouvons parfois assister à des corrections brutales. C’est à nous d’éviter ces segments vulnérables en combinant l’analyse fondamentale et comportementale et en superposant approches quantitative et qualitative. »
De la mesure dans vos choix d’actifs dynamiques
Benjamin Melman, directeur allocation d’actifs et dettes souveraines Edmond de Rothschild dans sa « Stratégie d’allocation d’actifs, analyse des marchés et principaux thèmes d’investissement » diffusée le 20 août 2018 constate que « Les risques politiques et monétaires compliquent la donne. La saison de publications de résultats des entreprises du deuxième trimestre est déjà bien avancée et a confirmé le dynamisme américain, et dans une moindre mesure dans le reste du monde.». Il invite les épargnants à « Surpondérer les actions de façon mesurée ».
Retour en grâce dès novembre pour les émergents ?
Les perspectives de GemEquity (Flash marchés du 14 août 2018) sont rassurantes pour la fin de l’année : « Le marché risque de rester volatil, du moins d’ici le début de novembre, la date des élections de mi-mandat aux États-Unis. Au-delà les fondamentaux devraient prévaloir, or ils restent bons. Aussi nous pensons qu’un mini easing n’est pas à exclure en Chine dans les mois à venir ce qui serait le point de retournement pour le marché domestique, en baisse de 20 % en dollar depuis le début de l’année. Ce dernier se traite avec une valorisation attrayante de 11x PER à 12 mois, contre 13x historiquement. »
« Alors que tensions géopolitiques et tentations isolationnistes prospèrent, les marchés émergents subissent un regain d’inquiétudes et de volatilité. Mais si les élections qui se succèdent et la guerre commerciale latente justifient, entre autres motifs, une grande vigilance, se détourner des marchés émergents n’est sans doute pas une solution.
Nos gérants sont convaincus de la capacité de résilience de la Chine à ce contexte difficile, et au-delà des frontières chinoises, l’Asie tout entière continue de croître deux fois plus rapidement que les économies développées »
Tel est le discours de Fidelity International dans une invitation envoyée le 30 août 2018 à sa conférence annuelle sur les marchés émergents et l’Asie qui se déroulera à Paris le mercredi 26 septembre 2018.
Au final, 2018 pourrait être une année sans réelle saveur
Bien des incertitudes sont en vue, se dirige-t-on vers une hausse sans euphorie ou une baisse sans déprime ?
Nous le répéterons encore cette fois : en investissant de manière régulière le même montant, votre épargne est moins exposée aux risques des marchés financiers et le prix moyen d’achat de vos UC est lissé. En effet, lorsque les marchés sont bas vous achetez plus de parts que lorsque les marchés sont haussiers.
En revanche, les versements de montants élevés sont défavorisés par ces comportements boursiers. Comment investir une grosse somme dans des marchés aussi peu directionnels ? A moins que ce ne soit une bonne aubaine de profiter de cette baisse qui ne pourrait être que temporaire ? Les incertitudes boursières sont nombreuses et il est difficile d’anticiper quel pays ou quel secteur va profiter d’une hausse.
Les deux derniers mois sembleraient plus favorables
Nous attendons donc plus de novembre et de décembre que de septembre et d’octobre. Peut-on penser à se renforcer en septembre et octobre afin de bénéficier d’une amélioration en novembre et décembre ? La question est posée.