Alors que 2023 a été plutôt un mauvais cru pour l’immobilier parisien qui a pâti des hausses de taux d’intérêt, la perspective des Jeux Olympiques et surtout les travaux liés au Grand Paris devraient dynamiser le secteur en seconde partie d’année. Et cela ne concerne pas que la location courte durée !
L’envolée des prix de la nuitée à Paris pendant les Jeux Olympiques (JO) ne semble pas avoir de limites. Selon un baromètre de l’office de tourisme de Paris publié en février, les prix d’une nuit d’hôtel dans le Grand Paris pendant les JO se situerait en moyenne à 481 euros et sur Airbnb les prix moyens grimpent jusqu’à 619 euros soit plus du double de la moyenne en dehors des jeux (298 euros).
HLM de Paris, l’organisme qui gère le logement social dans la Capitale a ainsi récemment envoyé une lettre à ses 216 000 résidents leur rappelant qu’il était interdit de sous-louer leur appartement ! Certes la tentation est grande pour les résidents parisiens incités par ailleurs à limiter leurs déplacements pendant l’évènement, cependant, l’impact des JO sur le marché de l’immobilier du Grand Paris va beaucoup plus loin.
Le marché de la location courte durée s’emballe
Les financements affluent y compris en matière de crowdfunding (financement participatif), « nous avons enregistré une augmentation de 20 % des financements sur Bricks.co pour des biens dédiés à la location courte durée. Avec des prévisionnels financiers boostés par les JO sur Paris, les locations de courte durée peuvent enfin avoir les moyens de se faire financer en crowdfunding», a expliqué la plateforme dans un communiqué datant du 11 mars 2024.
Cette nouvelle dynamique concerne aussi les commerces. « Reprise de la consommation des Français, hausse prévisible des arrivées hôtelières, dynamisme de secteurs comme le luxe, le sportswear ou encore la beauté, etc. : à quelques mois des Jeux Olympiques, les perspectives semblent favorables pour le marché parisien, en particulier pour ses principaux axes dont la vacance commerciale devrait demeurer à un bas niveau cette année », anticipe Antoine Salmon, directeur chez Knight Frank.
Un effet jeu constaté dans toutes les villes hôtes
Autre bénéfice des JO, selon une étude de Masteos, une proptech rachetée récemment par Novaxia : les prix de l’immobilier dans la ville hôte s’emballe généralement. Ce phénomène a été observé depuis plus de 20 ans : après les JO de Tokyo en 2021 le mètre carré a pris 22%, 24% à Londres en 2012 ou encore 14% à Athènes en 2004. La moyenne se situe autour de 17% d’augmentation et elle est estimée à 25% pour Paris !
Mais surtout, certaines zones en première couronne de Paris pourraient bénéficier à la fois des travaux initiés dans le cadre des JO et des transports en commun à travers les projets liés au Grand Paris Express.
Parmi les agglomérations qui bénéficient déjà d’un certain boom figure par exemple la ville de Saint-Ouen. Celle-ci se situe dans l’extension de la ligne 14 du métro parisien. Le quartier de Saint-Denis, au cœur des JO avec le village olympique, bénéficie d’une attention accrue.
La valorisation des biens immobiliers dans cette zone a grimpé de 15% depuis l’annonce de l’événement, avec une projection à la hausse jusqu’en 2025 et au-delà. Des nouvelles lignes de transports en commun sont aussi attendues dans la première couronne qui pourraient à terme notamment bénéficier aux bureaux comme cela fût le cas pour la 1ère couronne Sud.
Avec le prolongement de la ligne 4 du métro de deux stations en 2022, à Barbara et Bagneux-Lucie Aubrac, le prix de l’immobilier de ces quartiers au Sud de Paris avait fortement augmenté.
Un regain nécessaire
Cette embellie est bien nécessaire. Depuis l’an dernier, le secteur de l’immobilier souffre de la hausse des taux d’intérêt.
Au niveau monde, les transactions immobilières ont chuté de 48%, selon les données de Primonial REIM. Mais les perspectives s’améliorent, une baisse des taux d’intérêt étant attendue pour le deuxième semestre 2024 en Europe et aux États-Unis.
En France, elle devrait contribuer, avec les JO et les améliorations apportées dans les transports publics, à une hausse des transactions. Pour autant, tous les actifs n’évolueront pas favorablement.
Selon Primonial REIM, en Europe, le marché de la logistique et des commerces en bas d’immeuble devraient bénéficier de tendances à long terme favorable (hausse du e-commerce pour la logistique et besoin de proximité pour les commerces).
Le bureau qui intègre des standards en faveur de l’environnement devrait aussi profiter de l’amélioration générale. Seule ombre au tableau : les bureaux non performants d’un point de vue énergétique qui auront toujours du mal à trouver preneurs.
Les SCPI ont bien pris conscience de cette tendance puisque la plupart d’entre elles possèdent maintenant un label ISR (développement durable) et recherchent à ce titre des biens avec de bonnes performances environnementales et énergétiques.