En 2023, le métal jaune affiche une progression à 2 chiffres. Il est soutenu par plusieurs facteurs : le risque géopolitique, la baisse attendue des taux d’intérêt réels et des achats massifs réalisés par les banques centrales. A plus long terme, le secteur devrait aussi être favorisé par les transformations engagées à travers notamment la prise en compte du développement durable.
2023 aura été une année très bénéfique pour l’or avec une progression des cours à 2 chiffres. Entre le 1er janvier et le 19 décembre, le cours du métal jaune en dollar avait en effet gagné plus de 12% au fixing à Londres.
L’once d’or ressortait à cette date à 2041,7 dollars US et à 1858,38 euros. Le record intraday (sur les transactions à Londres quotidiennes) a même atteint le 3 décembre les 2135 dollars l’once. De son côté, le lingot d’un kilogramme d’or est passé de 55 000 euros le 1er janvier à 59 990 euros le 18 décembre, soit une progression de plus de 8% et sur 5 ans la hausse est de 67,65% ! Ces chiffres témoignent bien de la capacité de l’or à générer des gains à court et à long terme.
Des facteurs multiples en soutien
A court terme, les explications à cette progression sont multiples. D’abord l’or est avant tout une valeur refuge. Le contexte géopolitique, avec la guerre en Ukraine depuis février 2022 et plus récemment la guerre au Moyen-Orient, inquiète. Il pousse ainsi les investisseurs à se réfugier vers l’or. Plus récemment, la diminution des taux d’intérêt réels lui a aussi été favorable. Les économistes établissent en effet un lien direct entre la baisse des taux d’intérêt réels et la hausse des cours de l’or. Depuis quelques semaines, les marchés financiers anticipent que les Banques centrales des grandes économies développées, en premier lieu celle des États-Unis (Fed), devraient changer de politique. Elles n’auraient plus besoin d’augmenter les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation, car celle-ci montre clairement des signes de ralentissement. Mieux, elles devraient même dès le 1er semestre 2024 baisser les taux d’intérêt. Par un phénomène d’anticipation, les taux d’intérêt à long terme sont déjà actuellement en train de baisser. Sur la dette française (OAT 10 ans) par exemple, les rendements servis sont passés de 3,5% fin octobre à 2,5% le 20 décembre. Enfin, la demande d’or est conséquente en particulier de la part des Banques centrales. Sur les 9 premiers mois de 2023, les banques centrales ont acheté pour 800 tonnes d’or. Cela représente une hausse de 14% par rapport à la même période de 2022, principalement sous l’impulsion de la Chine, de la Pologne et de Singapour. La Chine souhaite en effet limiter ses investissements en dollar et réduire son exposition aux États-Unis, elle augmente ainsi sa détention d’or au détriment du dollar.Une transformation du secteur
L’ensemble de ces facteurs seront présents en 2024 et devraient continuer à soutenir les cours de l’or. En parallèle, le secteur est en pleine transformation depuis quelques années. Ce dernier tente de changer son image en intégrant les critères du développement durable. Ces changements concernent d’ailleurs l’ensemble de la chaîne de valeur. Les joailliers par exemple mettent de plus en plus l’accent sur la traçabilité. En matière d’or, ils ont maintenant recours au recyclage et s’appuient sur des acteurs certifiés par le RJC (Responsible Jewellery Council), un organisme qui a développé une norme de référence pour toute la chaîne d’approvisionnement. Du côté des investissements boursiers, la Bourse de Londres (London Metal Exchange) est aussi engagée depuis plusieurs années dans une démarche visant à mieux assurer la traçabilité de l’or et plus généralement des métaux précieux. Elle impose notamment le respect des conditions de travail jugées éthiques par l’OCDE pour pouvoir échanger des métaux sur son marché. D’autres initiatives émergent aussi dans cet univers comme le développement de diamant de synthèse produits en laboratoire… Elles permettent aux consommateurs et aux investisseurs de ne pas acquérir des actifs extraits dans des zones de guerre et /ou dans des conditions de travail très difficiles pour les ouvriers.Il existe de nombreuses façons d’investir dans l’or
- Bijoux : il est possible d’acquérir de l’or, de l’argent, du platine, des pierres précieuses à travers l’achat de bijoux qui permettent de se faire plaisir, de faire plaisir et de stocker de la valeur.
- L’or physique : il peut aussi prendre la forme de lingots ou encore de pièces. En France, les pièces les plus célèbres sont les Napoléons. Ces dernières valent d’ailleurs plus chères que leur cours intrinsèque car elles font l’objet de collections. Au 19 décembre par exemple, un Napoléon était coté à partir de 206,5 euros, il peut valoir davantage en fonction de la date de frappe de la pièce ou d’autres caractéristiques comme la rareté, alors que sa valeur intrinsèque (liée au poids en or) était de 173,68 euros.
- Des ETF sur l’or. Il s’agit de fonds d’investissement qui reproduisent le cours de l’or et permettent aux investisseurs d’acquérir une exposition à ce métal précieux sans avoir à détenir de l’or physique. Ces fonds sont négociés comme des actions sur les principales bourses mondiales et sont donc facilement accessibles aux investisseurs individuels. Les principaux fournisseurs d’ETF en proposent (SPDR, iShares, Invesco…).
- Des OPCVM investis sur les sociétés minières. Ces fonds sélectionnent des sociétés minières spécialisées dans l’or, mais aussi dans d’autres métaux précieux. A noter, il existe généralement un décalage entre l’évolution des cours de l’or et celle des valeurs minières.