Le bâtiment et la ville se situent au carrefour des nouvelles transitions énergétiques, environnementales et digitales. Les transformations à mener devraient être rapides et changer profondément notre quotidien. Quelques exemples et quelques pistes pour les comprendre.
Hausse du coût des emprunts, difficulté d’accès au crédit, dégradation de la conjoncture, baisse des prix annoncée… Les perspectives pour le marché de l’immobilier semblent moins florissantes à l’aube de 2023. Les grands réseaux comme L’Adresse, Century 21 ou la FNAIM anticipent ainsi une diminution des prix de l’immobilier résidentiel comprise entre 2 et 10% selon les localisations. Si le début de l’année pourrait s’avérer difficile pour les vendeurs comme pour les acheteurs particuliers, les investisseurs professionnels vont de leurs côtés pouvoir faire leurs emplettes parfois à un moindre coût. Certains secteurs en particulier dans l’immobilier d’entreprise disposent de belles perspectives. Mais celles-ci – comme en matière de résidentiel – sont assorties de changements majeurs dans la façon d’appréhender le bâtiment et plus généralement la ville.
Le bâtiment du futur sera vert et économe en énergie
Les experts estiment qu’en France, le secteur du bâtiment serait responsable d’environ un quart des émissions de carbone. La lutte contre le réchauffement climatique constituant maintenant une priorité, le secteur doit profondément évoluer. L’objectif est à la fois de lutter contre le réchauffement climatique en émettant moins de carbone, mais aussi de diminuer la consommation énergétique à la fois dans une optique environnementale et de réduction des coûts ou encore de préserver la biodiversité en réduisant l’artificialisation des sols et en introduisant davantage d’espaces verts…
Ces nouvelles préoccupations créent un marché à deux vitesses entre d’une part les passoires énergétiques dans le résidentiel, les bureaux énergivores et les bâtiments aux dernières normes environnementales. Les premières devenant difficiles à louer et même à terme, seront interdites à la location. Outre l’accent mis sur les bâtiments neufs, cette transition suppose aussi des travaux de restructuration et/ou le recyclage des matériaux. Le secteur du bâtiment est en train de se convertir à l’économie circulaire : réutilisation des matériaux, modification de la structure des bâtiments pour faire des économies d’énergie et de coûts…
Des villes et des quartiers avec des usages mixtes
La ville et les quartiers se transforment aussi. Outre l’introduction de la digitalisation dans les services publics/communs et les bâtiments, l’heure est à la fin du cloisonnement et au développement des usages mixtes. Ces derniers permettent de réduire les temps de transport et d’offrir plus de verdure. Ils rendent la ville plus pratique et plus agréable au quotidien et, plus supportable en cas de forte chaleur. De nombreux promoteurs et financiers travaillent ainsi sur des grands projets de restructuration d’anciens bâtiments avec des usages mixtes : tertiaire, bureau, résidentiel, qui permettent de repenser la ville.
Novaxia Développement, Crédit Agricole Immobilier et Icade accompagnés par CDU par exemple ont acquis en 2019 l’ancien hôpital de Nanterre pour le transformer en un ensemble de 29 000 m2 ouverts sur la ville qui mixera différentes catégories de logements : habitat partagé, résidence étudiante et résidence mobilité, un café participatif et une école Montessori. Ce projet « Nanterre Partagée » intègre 71% d’espaces paysagers et verts et des services variés ouverts à tous, pour mieux vivre ensemble. Les bureaux s’invitent davantage dans les centres villes. Certaines zones commerciales en périphérie sont repensées pour intégrer du logement résidentiel, des services, des bureaux…
Le bureau comme un lieu de rencontres et d’échanges
Le bureau est aussi en pleine transformation en raison du développement du télétravail qui s’est imposé à la suite de la crise sanitaire. Il entraîne une modification des espaces de travail. Les salariés ne viennent plus dans les locaux des entreprises selon une routine quotidienne et sous la contrainte, mais plutôt dans l’optique d’échanger, de rencontrer leurs collègues. Les espaces de travail doivent ainsi inclure des zones communes et des espaces de rencontres informelles. Certaines entreprises vont jusqu’à penser les déplacements dans l’entreprise de façon circulaire afin de générer des points de rencontre fortuits entre les équipes et de créer ainsi du lien et des échanges.
L’entreprise s’ouvre également sur la ville en utilisant des équipements collectifs ou en mettant à disposition ses propres équipements. Les parkings par exemple peuvent être utilisés par les riverains, le soir et le week-end. Des salles de réunion peuvent être utilisées pour différents usages y compris pour donner des conférences ouvertes au public. Des bureaux peuvent être utilisés pour des expositions, des évènements…
Comme la ville, les usages du bureau tendent à devenir plus mixtes.
Le commerce s’approprie les codes du divertissement
Les transformations en cours concernent aussi le commerce. Il s’agit là encore de dépasser les usages traditionnels. Le télétravail, le e-commerce poussent les commerces physiques à se renouveler en intégrant de l’évènementiel. Les boutiques de sport organisent par exemple des évènements avec des sportifs pour faire venir du public (Go Sport, Nike…). Des chaînes de distribution comme Darty organisent des évènements en fin de journée…
Et des zones commerciales entières s’organisent autour d’un nouveau concept le « Retailtainment ». Il s’agit d’allier le commerce (retail) et le divertissement (entertainment) pour améliorer l’expérience d’achat des visiteurs, de faciliter l’accès aux loisirs et plus généralement de réinventer et de redynamiser les commerces par des moyens accessibles, innovants et divertissants.
L’hôtellerie à la pointe de la technologie
Les évolutions à venir dans l’hôtellerie ont ceci d’intéressant qu’elles s’approprient les transformations en cours dans les différents segments de l’immobilier. Comme le commerce, il est important pour les hôtels d’apporter du divertissement, des évènements qui fédèrent les touristes et les populations locales. L’hôtel du futur devra aussi être durable : moins consommateur d’énergie, utilisant des consommables durables avec moins de plastique et de déchets par exemple, il sera mieux inséré dans son environnement…
L’hôtel du futur fait aussi la part belle aux nouvelles technologies : contrôle par la voix des lumières, digitalisation des services, utilisation de la réalité virtuelle pour indiquer les endroits à visiter…