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Évolution future des marchés financiers

ACHETER AU SON DU CANON ?

Entre regain de confiance et aversion pour le risque, la volatilité a été de mise en ce mois de février. Initialement rythmé par les réunions des banques centrales, le parcours des indices est impacté en fin de mois par la brusque escalade des tensions entre la Russie et l’Ukraine.

Pris de court après la reconnaissance par Vladimir Poutine de l’indépendance des séparatistes d’Ukraine et l’ampleur de l’offensive militaire russe qui s’en est suivie, les marchés mondiaux ont assisté ébahis aux prémices d’une guerre jugée inconcevable quelques semaines plus tôt. Enjeu initial du conflit, la candidature de l’Ukraine à l’OTAN a constitué une véritable ligne rouge pour Moscou. Reflet de la stupéfaction mondiale face à la célérité du déploiement des opérations militaires russes, les indices actions corrigent dans l’attente d’une réponse de la part des pays occidentaux. L’annonce d’une première salve de sanctions à l’encontre de la Russie, couplée aux rumeurs de possibles pourparlers, ont dans un premier temps partiellement apaisé les marchés, mais le répit s’est finalement révélé de courte durée.

Les dirigeants occidentaux se sont ainsi montrés déterminés à prendre des mesures proportionnées, allant jusqu’à risquer d’impacter leurs propres économies à l’image de leur décision d’exclure une partie des banques russes du système de transaction SWIFT. Afin d’isoler Moscou au maximum, diverses mesures complémentaires ont été prises. On citera l’interdiction de l’espace aérien européen aux vols russes, le gel des avoirs des oligarques ou encore le blocage des réserves de la Banque centrale de la Fédération de Russie. Poussé dans ses retranchements, Vladimir Poutine a été amené à faire valoir sa force de dissuasion nucléaire.

Dans ce contexte, les actifs russes sont naturellement les principaux perdants, souffrant d’un rouble sur des plus bas historiques et de l’exode des entreprises étrangères. Néanmoins, le choc s’est mécaniquement diffusé sur l’ensemble des actifs européens, tout d’abord du fait de la présence de certains sur le territoire russe mais également par le biais de la hausse du prix du gaz et les niveaux records atteints par celui du baril de pétrole. Face à des scénarios de croissance mondiale ternie, les espoirs reposent désormais sur l’issue des négociations.

De leur côté, les banques centrales ont par la force des choses été amenées à procéder à une évaluation des possibles impacts que le conflit pourrait avoir sur la mise en œuvre des politiques monétaires. Alors que la forte hausse des prix de l’énergie continuera d’alimenter les pressions inflationnistes et que les conséquences économiques de cette nouvelle crise sont encore incertaines, la BCE a pris le parti d’adopter un ton plus prudent vis-à-vis de sa stratégie de resserrement monétaire. Mais, à la surprise générale la réunion du 10 mars s’est soldée par la décision d’accélérer la fin de ses mesures de soutien. Outre-Atlantique, le sujet est moins préoccupant compte tenu des échanges limités entre la Russie et les États-Unis. En conséquence, les discussions relatives à l’ampleur de la hausse des taux directeurs de la Fed ce mois-ci suivent leur cours.

En Chine, les prix évoluent à contre-courant du reste du monde. Alors que les principales banques centrales ont été contraintes de revoir la trajectoire de leur politique de resserrement monétaire face à une inflation persistante, la Banque populaire de Chine constate une moindre pression sur les prix en début d’année et dispose de fait d’une marge de manœuvre dans sa stratégie de soutien à la croissance. Le ministre des Affaires étrangères chinois a d’ailleurs annoncé que les autorités renforceraient les réductions d’impôts en 2022 afin de soutenir l’activité économique, dans le sillage de la volonté de Pékin d’accompagner les collectivités locales dans leurs investissements. Dans un contexte où le potentiel maintien de la stratégie « zéro Covid » peut constituer un frein à l’activité, et à la suite des assouplissements monétaires opérés ces derniers mois, la volonté des autorités chinoises de soutenir l’activité parait bien partie pour s’inscrire dans la durée.

Alors que l’épisode de crise sanitaire semblait toucher à sa fin, l’ordre mondial se trouve une nouvelle fois perturbé, complexifiant davantage le processus de sortie des banques centrales. Dans cet environnement incertain, la volatilité restera un paramètre avec lequel nous devrons continuer de composer. La situation fragilisera probablement la croissance, notamment à l’échelle européenne. Nous conservons en conséquence notre positionnement prudent tout en veillant à évaluer les impacts macro et micro-économiques du conflit qui s’ouvre sur nos investissements.

L’équipe de Gestion de Montségur Finance

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  1. Bonjour,
    Je vs remercie de ces éléments.
    Concrètement, Quelles conséquences sur notre industrie du luxe et nos sections détenues dans les grands groupes français à moyen terme ? La clientèle va t’elle continuer à acheter ?
    Est ce que ce conflit va t il impacter le bitcoin, dans quelle mesure ?

    Merci pour vos pistes de réponse 
    Bonne fin de semaine à vous 

    1. Post comment

      L'équipe LINXEA says:

      L’impact sur l’industrie du luxe est limité car la Russie représente 2% du CA du secteur.
      Au début des sanctions, les consommateurs russes se sont rués sur les produits de luxe face à la chute du rouble.
      En parallèle, la flambée des prix de l’énergie sera favorable à la consommation dans les pays du Moyen-Orient.
      Nous n’avons pas d’inquiétude à ce stade sur le secteur du luxe au vu de la faible sensibilité de la demande à l’inflation ainsi que la capacité du secteur à augmenter ses tarifs.
      Le principal risque pour le secteur c’est de voir une baisse des valorisations du fait de multiple élevé (forte sensibilité à la hausse des taux) même si nous sommes déjà revenus sur des niveaux plus acceptables.

      Est-ce que ce conflit va t il impacter le bitcoin, dans quelle mesure ?
      Le bitcoin a été utilisé pour contourner les sanctions occidentales et échapper à la dévaluation du rouble.
      Ceci a provoqué des réactions du côté de l’Occident, avec l’annonce cette semaine de projets de réglementations plus strictes aussi bien Europe et aux États-Unis.
      Nous ne considérons pas le bitcoin comme une valeur refuge à la différence de l’or, nous vous recommandons donc d’être prudent sur les investissements que vous pourriez réaliser en crypto-monnaie.