Pris de court par la rapidité et l’ampleur de l’offensive militaire russe en Ukraine, les marchés mondiaux assistent ébahis aux prémices d’une guerre jugée inconcevable quelques semaines plus tôt.
Après plusieurs jours de baisse modérée des indices actions la semaine passée, suite à la reconnaissance des territoires pro-russes ukrainiens par Moscou, les marchés s’inscrivent mercredi en vif recul alors que de premières images de combats et d’explosions en Ukraine commencent à être relayées par les agences de presse. Tournant géopolitique majeur, cette rapide escalade des tensions entre les deux puissances voit cependant son impact sur les marchés tempéré par l’annonce d’une première salve particulièrement mesurée de sanctions de l’OTAN à l’encontre de la Russie, les pays membres ayant visiblement favorisé la protection de leurs économies respectives dans un premier temps. La rumeur selon laquelle la Russie serait prête à envisager des pourparlers termine d’offrir un support aux principaux indices boursiers en fin de semaine et ces derniers opèrent ainsi, entre jeudi et vendredi, un spectaculaire rebond.
Dénonçant l’impact limité des mesures prises par les pays occidentaux, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a cependant multiplié les appels à durcir les sanctions contre Moscou. En ce lundi matin, c’est désormais chose faite. La décision d’exclure une partie des banques russes du système interbancaire SWIFT, actée dimanche, devrait notamment changer la donne et alimente aujourd’hui un net regain d’aversion pour le risque : les indices actions européens effacent les gains réalisés vendredi, le pétrole frôle les 103 $/b et le rouble bat ce lundi des records historiques de faiblesse face au dollar malgré la remontée des taux directeurs de la banque centrale de Russie à 20 % (vs. 9,5 % précédemment).
Cherchant par tous les moyens à isoler autant que possible Moscou, les dirigeants des pays de l’OTAN ont également entériné une interdiction de l’espace aérien européen pour les avions russes ou encore un blocage des avoirs des oligarques et d’une partie des réserves de change de la banque centrale. En parallèle, la décision historique prise par les membres de l’Union Européenne d’armer les forces ukrainiennes ainsi que la surprenante résilience de ces dernières offriront vraisemblablement à l’Ukraine une position plus avantageuse lors des pourparlers en cours en Biélorussie. Néanmoins, l’espoir d’assister à une désescalade à court terme parait mince.
Le degré d’incertitude demeure donc élevé en ce début de semaine et il est encore délicat d’évaluer nettement l’ampleur des impacts sur les perspectives de croissance économique en Europe ou les implications durables en termes de souveraineté et d’équilibres internationaux.
L’équipe de gestion de Montségur Finance