Le nouveau variant Omicron souffle un vent d’inquiétude sur les marchés financiers, qui enregistrent un net recul des taux américains et un vif rebond de leur volatilité. Dans le même temps, le variant Delta préoccupent toujours les gouvernements européens dont les interrogations sur la durabilité de la protection offerte par les vaccins actuels se sont accrues.
La rapide dégradation de la situation sanitaire en Allemagne couplée à la découverte du variant Omicron ont réservé un accueil assez glacial au nouveau gouvernement. Olaf Scholz – à la tête d’une coalition tripartite inédite – prendra officiellement la succession d’Angela Merkel début décembre. Le futur chancelier allemand s’est déjà engagé à ramener les comptes publics à l’équilibre dès 2023 tout en précisant ses objectifs climatiques et environnementaux. Particulièrement ambitieuse, la mise en pratique de ces annonces sera conditionnée par la capacité du gouvernement à gérer cette situation épidémique inédite en Allemagne. Malgré cela, la production industrielle s’affiche en progression, à l’image des indicateurs d’activité provisoires européens (PMI), alors même que le secteur automobile a été fortement pénalisé par les pénuries de composants. En effet, bien que le risque sanitaire prenne de l’ampleur en Europe, l’activité conserve pour le moment une dynamique positive. La résilience des économies face aux risques sanitaire et inflationniste a ainsi porté les taux souverains européens, même si, rappelons-le, les tensions sur l’offre continuent d’alimenter les pressions sur les prix.
De son côté, l’économie nippone reprend son souffle. Alors que l’archipel a vu son PIB se contracter au 3e trimestre, les indices d’activité du mois de novembre dépeignent pour le 2e mois consécutif un tableau favorable de la reprise de l’activité. La levée des restrictions sanitaires a porté la reprise de la production en Asie, permettant dans le même temps à l’industrie de s’inscrire en progression et aux services d’atteindre un point haut depuis janvier 2020. C’est dans ce contexte que le premier ministre Fumio Kishida a dévoilé un nouveau plan de relance d’un montant de plus de 40 000 milliards de yens, allouant notamment une allocation individuelle de 100 000 yens aux moins de 18 ans. L’objectif annoncé est de relancer la consommation des ménages, mais rappelons qu’une mesure comparable adoptée en 2020 s’était traduite par un surplus d’épargne. Couplé à la dynamique positive actuelle, ce plan devrait toutefois permettre au Japon de renouer avec la croissance à la faveur de pressions inflationnistes limitées et de déclin de l’épidémie sur le continent asiatique.
L’émergence de ce nouveau variant aura presque éclipsé le sentiment d’échec sur lequel la COP26 s’est soldée après 15 jours de négociations. Nous saluerons toutefois l’accord inattendu conclu entre la Chine et les États-Unis, visant à renforcer leur action climatique conjointe en dépit d’éventuels conflits géopolitiques, ainsi que l’engagement d’une quarantaine de pays à accélérer la réduction de leur dépendance au charbon. Ce dernier aura notamment pour objectif d’orienter les flux financiers vers le développement des technologies dites « propres ». Toutefois, sans relèvement drastique des objectifs globaux, l’ONU estime que les engagements actuels se traduiront par une hausse de 2,7°C des températures à la fois éloignée de la trajectoire désirée et renforçant le risque d’une transition désordonnée.
Entre inquiétude et accalmie, les marchés adoptent finalement une posture attentiste vis-à-vis de l’obsolescence potentielle des vaccins actuels face aux variants. Si l’hypothèse de confinements stricts est pour le moment écartée, le sujet Omicron fait pour autant peser un risque baissier sur la croissance. Au regard des niveaux de marchés actuels, la prudence reste donc encore de mise en cette fin d’année. Nous demeurons convaincus de la nécessité de privilégier des sociétés dotées de fort « pricing power » et d’équipes dirigeantes agiles, tout particulièrement dans ce contexte.