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Investissement boursier

“Pas vendu, pas perdu” : une fausse bonne idée ?

Question d’un de nos clients : “Les marchés ont bien monté, je me demande si ça serait pas l’occasion de prendre les gains. Après tout, le dicton dit “Pas vendu pas gagné”, non ? 

 

La réponse de Linxea

Non, non et non ! Mais en même temps, oui, oui et oui ! Laissez-moi vous expliquer.

Trois fois non !

Commençons par les trois raisons de ne pas vendre.

  • Raison #1 : « Prendre ses gains pour ne pas les reperdre » est une logique de casino. Au casino il faut s’empresser de récupérer ses gains car l’espérance de gain est négative : à long terme on finit ruiné car statistiquement, plus on joue, plus on perd. Mais nous ne sommes pas à Las Vegas, nom d’une pipe !

Les placements d’épargne sont totalement différents : ils sont investis dans des entreprises (ou de l’immobilier, ou des obligations…), qui, prises dans leur ensemble et dans la durée, sont rentables. Le temps joue pour toi.

Prendre régulièrement des gains, c’est traiter son épargne comme une mise à récupérer dès que possible. Les implications psychologiques ne sont pas neutres : à force, cela empêche de penser à long terme et crée de mauvais réflexes… or on s’enrichit sur la durée, pas en faisant des coups !

  • Raison #2  : Si les marchés continuent de monter, que ferez-vous ?  Je ne dis pas que cela ne sera pas fructueux – je n’en sais bigrement rien.

Mais faire des aller-retours fréquents, c’est aussi prendre un risque… Et c’est loin d’être de tout repos. Mieux vaut éviter de casser la mécanique des intérêts composés et rester investi tout le temps. Oui, tout le temps y compris pendant les périodes difficiles.

  • Raison #3 : Même s’il existait une boule de cristal parfaite, l’écouter ne serait pas forcément une bonne idée : il faut tenir compte des horizons de temps. Si vous avez un horizon supérieur à la prédiction, ne rien faire est une solution tout aussi valable. Laisse passer les petites vaguelettes à court terme, concentre-toi sur l’horizon long. Il y a des loisirs plus intéressants que de passer des ordres… surtout quand il fait beau dehors.

C’est pourquoi je n’aime pas les gourous. Ils se trompent une fois sur deux et n’annoncent jamais d’horizon de temps : à quoi bon ?

Tout ceci plaide pour « ne rien faire »…

Cependant, c’est parfois une bonne idée de prendre ses gains. C’est le cas si…

  • Cas #1 : si la hausses de marchés a déséquilibré la répartition de votre épargne. Par exemple, les valeurs technologiques ont réalisé une très forte performance depuis le début de l’année. Si tu avais un tracker ou un fonds spécialisé, il prend désormais une place bien supérieure à celle initiale. il peut être sain de rééquilibrer votre allocation d’actifs afin d’éviter une trop grande concentration.

Évidemment, ce secteur peut encore progresser. Mais arbitrer est ici une mesure de réduction du risque, pas une anticipation tactique.

  • Cas #2 : si les fortes turbulences du printemps t’ont empêché de dormir. Dans ce cas c’est un bon moment pour réfléchir à une allocation d’actif plus conservatrice (réduire la part d’actions, augmenter la part sécurisée).

Pour atteindre la nouvelle allocation, deux moyens : par les nouveaux versements sur des supports peu risqués (qui dilueront progressivement la part risquée), ou par des arbitrages pour un effet immédiat. Cela revient à « prendre des gains », mais ce n’est pas leur but premier.

  • Cas #3 : vendre et récupérer son argent est toujours pertinent si c’est pour le dépenser ! Acheter une voiture, partir en vacances, investir dans un projet personnel… c’est alors une bonne idée de sécuriser l’épargne lorsqu’un retrait se rapproche. C’est le but de l’épargne après tout : réaliser des projets de vie !

Vous remarquerez que dans ces trois cas, « prendre ses gains » n’est jamais le but premier. C’est toujours la conséquence d’une autre action.

Alors, prendre ses gains ou pas ?

En réalité, il n’y a pas de réponse absolue. Tout dépend de vos motivations.

Les motivations externes (anticipations de marché, montant de la plus-value…) sont plutôt des mauvaises raisons de vendre, tandis que les motivations internes (rééquilibrer le risque, profiter de l’argent) sont plutôt des bonnes raisons.

 

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