La volatilité des marchés pourrait rester d’actualité en 2019. Pour trouver des opportunités sur des marchés chahutés, il faut penser « diversifié ».
Sur les marchés financiers, le début d’année 2019 a été bien meilleur que l’on s’y attendait. Les deux grands indices – CAC 40 français et DJ Euro Stoxx 50 européen – sont à la fin février 2019 à peu près au même niveau qu’ils étaient vers le 10 octobre 2018.
- Si on se montre optimiste, on peut penser que les marchés se sont ressaisis et qu’en 4 mois et demi, ils ont rattrapé leur niveau précédent.
- En revanche, un comportement négatif consisterait à dire que 4,5 mois ont été perdus par les marchés.
Croissance réduite, potentiel affaibli
Selon l’équipe de Swiss Life Asset Managers, le scénario économique le plus probable pour 2019 devrait se concrétiser par une dégradation du « mix » croissance et inflation, sans pour autant déclencher de récession.
« Les perspectives des différentes classes d’actifs s’avèrent assez hétérogènes. Si les marchés actions devraient profiter de cet environnement, notamment en raison de valorisations plus attractives et de l’illiquidité des autres classes d’actifs, les obligations présentent, de leur côté, un potentiel de rendement limité.
Dans son analyse – allocation d’actifs, publiée le 14 février 209 et intitulée « Quelques opportunités d’investissement dans un environnement de marché empreint d’incertitudes », SwissLife Asset Managers donne la priorité aux « obligations à taux variables, pour leur insensibilité au risque de taux, le crédit High Yield européen, compte tenu de la reconstitution récente des spreads, ainsi que les stratégies actions dites « minimum variance » ou couvertes, devraient receler de la valeur cette année, dans un environnement de marché volatil ».
L’environnement est plus favorable aux spreads obligataires
Pieter Jansen, Senior Multi-Asset Strategist chez NN Investment Partners, déclare : « Nous estimons que l’environnement actuel, qui se caractérise par une croissance molle et une politique monétaire favorable, devrait perdurer pendant un certain temps. Il est favorable aux spreads, et, compte tenu du repositionnement important des investisseurs, de l’élargissement des spreads et de l’amélioration des valorisations, il l’est aussi pour les actifs de spreads obligataires en particulier. L’environnement pourrait changer soit en raison d’un ralentissement important de la croissance, qui conduirait les investisseurs à se tourner vers plus de sécurité, soit en raison d’une ré-accélération de la croissance remettant le thème de la relance au-devant de la scène. Il est peu probable selon nous que ces deux scénarios de risque se réalisent à court terme, mais nous préconisons une approche flexible vis-à-vis des solutions obligataires car celle-ci permettrait aux investisseurs de réagir à ces scénarios, le cas échéant ». (Commentaire d’investissement de NN Investment Partners du 18 février 2019)
Attrait pour le crédit
Dans cet environnement, le crédit retrouve de l’attractivité, en particulier le segment Investment Grade « que nous trouvions trop cher l’année dernière », rappelle Éric Bertrand, Directeur des Gestions Taux, Diversifiées et Quantitatives chez OFI AM. L’annonce de la fin du Quantitative Easing de la BCE a en effet entraîné un ré-écartement des spreads qui « nous fait retrouver des niveaux acceptables en termes de primes de risque », juge-t-il. « Le crédit Investment Grade est donc une classe d’actifs que nous aimons bien sans, toutefois, passer à surpondérer en raison d’une potentielle remontée des taux », précise-t-il.
De même, le High Yield devrait retrouver grâce aux yeux des investisseurs. « Compte tenu du cycle, du fait que l’ensemble des taux vont rester bas, que les entreprises ne sont pas endettées et que les fondamentaux ne sont pas inquiétants, nous sommes nettement acheteurs sur le crédit High Yield. Certes, nous pouvons avoir un sujet de liquidité sur cette classe d’actifs. Pour cette raison, nous préférons les produits à horizon qui ne nous obligent pas à nous confronter à la liquidité de marché à tout moment », explique Eric Bertrand. (OFI. Commentaire de marchés – Perspectives publiés le 21 février 2018).
Des valeurs européennes massacrées
Côté actions, l’heure est à la sélectivité après une année 2018 marquée par une chute de 20 % des marchés. « C’est assez inédit », n’a pas caché Eric Turjeman, Directeur des gestion Actions et Convertibles chez OFI AM.
« Sur les 25 dernières années, à 6 reprises nous avons connu une baisse de 20 % ou plus des marchés actions. En 2001, avec la bulle internet, et en 2009, avec la crise des subprimes, la baisse avait même atteint ou dépassé les 50 % ! », rappelle Eric Turjeman. Difficile de dire si les marchés sont à l’aube d’un scénario digne de celui de 2001 ou 2009. Toutefois, dans un contexte de ralentissement conjoncturel, « il est logique d’avoir des soubresauts sur les marchés », précise-t-il.
Cette baisse des marchés actions a tiré les valorisations vers le bas. « Aux États-Unis, le PER (price-earning ratio appelé aussi ratio cours sur bénéfices) de l’indice S&P 500 tourne autour de 15, soit dans les normes historiques. L’Europe est encore moins chère, avec un PER autour de 12, ce qui est très bas d’un point de vue historique, avec des dividendes autour de 4 % », note Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Délégué en charge des Gestions. Les valeurs européennes restent donc particulièrement attractives.
Les Banques Centrales alimentent-elles une bulle ?
C’est la question que se pose ce gérant. « Depuis la fin du mois de décembre, nous constatons une amélioration globale des conditions financières en raison de l’interventionnisme exacerbé des banques centrales. La Réserve Fédérale adopte désormais un biais accommodant dans sa politique monétaire, la Banque Centrale Européenne envisage de reprendre les TLTRO (une autre forme de « Quantitative Easing »), tandis que la Banque Populaire de Chine (PBOC) a abaissé le taux de réserve obligatoire des banques chinoises à deux reprises en janvier. Les nouveaux prêts bancaires ont atteint un record mensuel à 3,23 trillions de yuan. .. / ….
En d’autres termes, les Banques Centrales abattent toutes leurs cartes pour sauver l’économie mondiale de la récession. Cet interventionnisme exacerbé permet de détendre les niveaux d’aversion au risque, comme en témoigne la baisse des volatilités sur les actions, les matières premières et les devises ou la détente des spreads de crédit aux États-Unis et en Europe », commente Jean-Jacques Ohana, Responsable de la gestion d’actifs YCAP AM (Perspectives YCAP Asset Management publiées le 26 février 2019).
Pour Daniel Gerino, président et directeur de la gestion de Carlton Sélection (Tribune publiée le 21 février 2019) « Le programme d’achat d’actifs de la BCE s’est achevé trop tardivement. Malgré le réinvestissement des « tombées », Mario Draghi se retrouve sans munition alors que la zone euro affronte une conjoncture fragilisée. Les banques centrales ne pourront pas augmenter leurs taux cette année ».
La surperformance de l’immobilier coté devrait se poursuivre !
« Le fort rebond en janvier des foncières cotées (+10,2 % pour l’indice de référence) qui ont largement surperformé le marché des Actions (hausse de +5,5 % de l’Euro Stoxx 50) ne constitue pas à nos yeux un signal de sortie. Nous sommes convaincus au contraire que la surperformance du secteur va se poursuivre dans les mois à venir », explique Laurent Saint Aubin, gérant actions immobilier Europe, gérant du fonds SOFIDY Sélection 1, qui estime que « La hausse de l’immobilier coté s’explique logiquement par un momentum négatif sur les perspectives de croissance …/ … Dans cet environnement, le bon niveau de visibilité dont bénéficient les foncières en termes d’activité (cinq à sept ans en moyenne sur les baux) et l’effet positif de l’indexation sur les loyers qu’elles perçoivent constituent un avantage structurel.» (Point Marché Actions européennes, Groupe SOFIDY).
Pour revenir sur les marchés financiers, les épargnants ont tout intérêt à sélectionner des fonds qui ont su résister dans différents scénarios. Pour cela, ils privilégieront les fonds et Sicav bien notés (par exemple, 4 ou 5 étoiles Morningstar). La documentation des fonds et les outils mis en place sur le site vous donnent accès à ces informations.