Skip links
Marchés financiers

10 ans après la chute… le rebond des marchés actions ?

Une décennie après le creux de la crise financière de 2008-2009, quelles leçons avons-nous retenues ? Pour Sébastien Galy, Senior Macro Strategist, Nordea Asset Management "La grande crise financière nous a fait prendre conscience de la complexité du système financier mondial."

Les marchés semblent bien orientés, est-ce bien raisonnable ? Les valeurs des grands indices sont à leur prix, mais est-ce suffisant pour ne pas craindre une baisse ?

Faut-il voir, comme Jean-Jacques Ohana, responsable de la gestion d’actifs YCAP AM, dans le « Brexit, le grain de sable qui pourrait déstabiliser les marchés » (Perspectives, 8 avril 2019) ou, à l’inverse, comme Warin Buntrock, directeur adjoint des gestions de BFT Investment Managers, le fait que le « rallye du premier trimestre offre encore de belles sources de performance » ?


La Banque Centrale Européenne a décidé de laisser ses taux d’intérêt directeurs inchangés. « Nous continuons de prévoir qu’ils resteront à leurs niveaux actuels au moins jusqu’à la fin de 2019 et, en tout cas, aussi longtemps que nécessaire pour assurer la poursuite de la convergence durable de l’inflation vers des niveaux inférieurs à, mais proches de 2 % à moyen terme » (Mario Draghi, président de la BCE, Luis de Guindos, vice-président de la BCE, le 10 avril 2019).

10 ans après la chute ….

Une décennie après le creux de la crise financière de 2008-2009, quelles leçons avons-nous retenues ?  

Pour Sébastien Galy, Senior Macro Strategist, Nordea Asset Management « La grande crise financière nous a fait prendre conscience de la complexité du système financier mondial. La Fed, la BCE et les autres banques centrales sont intervenues pour soutenir l’économie et absorber les risques. Elles ont mis en place des programmes d’assouplissement quantitatif et ont parfois abaissé leurs taux directeurs en allant en territoire négatif. Cependant, le risque est que les taux bas conduisent certains pays, tels que l’Italie, à ne pas se réformer avant qu’il soit trop tard, ce qui risquerait d’entraîner une réapparition du risque souverain.

Au cours des dix années qui ont suivi la chute des marchés, nous avons acquis de puissants outils de politique monétaire (assouplissement quantitatif, forward guidance, etc) qui ont permis de soutenir l’économie mondiale. Le danger réside désormais dans les conséquences encore inconnues des outils qui ont été ou seront introduits, y compris l’instauration d’un objectif d’inflation temporairement plus élevé.»

Et si vous pensiez aux obligations vertes ?

Le 1er avril 2019 NN Investment Partners (NN IP) a annoncé le lancement d’un fonds obligations vertes courte duration : NN (L) Green Bond Short Duration et a indiqué dans un communiqué de presse du même jour: « Les obligations vertes sont des instruments obligataires dont les recettes servent à financer les projets nouveaux ou existants qui ont un impact positif significatif sur l’environnement, en remplissant par exemple les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies. Nous estimons que c’est le bon moment pour investir dans les obligations vertes, compte tenu de l’environnement de marché actuel. Les taux d’intérêts en Europe sont proches de leur plus bas historique en cinq ans et les spreads des obligations vertes libellées en euro sont relativement élevés par rapport à la moyenne de ces cinq dernières années. Ainsi, les investisseurs ont selon nous tout à intérêt à augmenter leur exposition aux fonds obligations vertes. ». Bram Bos, Lead Portfolio Manager Green Bonds chez NN Investment Partners, déclare : « L’investissement à impact, et notamment l’investissement dans les obligations vertes, est le choix idéal pour les investisseurs qui souhaitent donner la priorité l’investissement responsable. Ce type d’investissement les aide à identifier des preuves non seulement qualitatives mais aussi quantitatives que leurs investissements contribuent au bien-être mondial. De plus, les investisseurs ne subissent aucun coût supplémentaire en investissant dans les obligations vertes. Les intégrer à leur allocation d’actifs leur permet en effet de réduire l’empreinte carbone de leur portefeuille obligataire, de bénéficier d’une plus grande transparence et d’investir dans des sociétés dont la gouvernance est meilleure, sans pour autant sacrifier la liquidité et les rendements. »

Une solution : le high yield

Pour Marie-Laurence Biswang, Directrice générale adjointe de Gaspal Gestion, responsable de la gestion taux, le high yield, est une solution pour échapper aux taux négatifs : « Depuis le début de l’année, les performances des fonds obligataires sont bonnes quelle que soit leur stratégie de gestion. Et pour cause : le premier trimestre a été marqué par une baisse généralisée des taux et surtout des spreads de crédit sur l’ensemble des segments du marché obligataire, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. C’est effectivement dans l’univers des titres de notation « high yield » d’échéance court terme que se présentent les opportunités. De quoi parle-t-on ? Il s’agit d’obligations de maturités inférieures à 2 ans du secteur privé, qui sont considérées comme moins « sûres » que celles notées en catégorie « Investment Grade » mais qui sont choisies pour la solidité et la situation de trésorerie satisfaisante de l’émetteur, ce qui leur confère une forte probabilité d’être remboursées à leur date de maturité. L’Europe du Sud fournit les meilleures opportunités : En zone Euro, les meilleures opportunités se trouvent actuellement du côté des émetteurs d’Europe du Sud. Les entreprises italiennes sont plus particulièrement une cible de choix car les primes de risque associées à leurs emprunts sont conséquentes. En effet, la plupart des investisseurs continuent de faire un amalgame entre le risque politique italien et la capacité de remboursement des entreprises italiennes, même si celles-ci affichent un bilan sain, un faible risque de défaut et parfois de surcroît, réalisent leur chiffre d’affaire en grande partie à l’international. On ne voit pas l’Italie sortir de la zone Euro. Des sociétés comme Pirelli ou Campari offrent ainsi de belles opportunités de rendement pour un risque de crédit tout à fait encadré. Le même schéma se retrouve sur le marché grec : une entreprise comme OTE est associée à une forte prime de risque liée au pays alors que cet opérateur télécom est en réalité très peu endetté et est une filiale à plus de 45% de Deutsche Telekom.» (Chronique du 10 avril 2019).

Allocation tactique actions et obligations

Allianz Global Investors, dans sa « Revue des marchés – Avril 2019 publié le 4 avril 2019 » estime :

« – Nos indicateurs économiques propriétaires indiquent un nouvel affaiblissement des données conjoncturelles le mois dernier. La croissance de l‘économie mondiale a ralenti à un taux légèrement inférieur à son potentiel.

– La courbe des taux américaine (échéances 3 mois vs. 10 ans) s‘est inversée dans le sillage de la réunion « accommodante » de la Réserve fédérale américaine, une première pour le cycle économique en cours.

– Alors que l‘heure de vérité a sonné pour le conflit commercial et le Brexit, les principales banques centrales tentent de stimuler un cycle économique de plus en plus atone par un revirement de politique.

– Revirement de politique monétaire à l‘international, perspective d‘affaiblissement du dollar américain, détente du conflit commercial ou mesures de relance de la croissance en Chine sont autant d‘éléments susceptibles de soutenir les classes d‘actifs risquées. Cela se reflète également dans le positionnement des investisseurs.

– Certes, l‘indice de volatilité se situe à un niveau inférieur de près de 20% à sa moyenne historique, mais les moments de vérité peuvent également très vite se muer en fluctuations de cours ».

  • Nos démons intérieurs :

Le déficit public

Taux de chômage à 8,8%

Le pétrole en hausse

  • Nos démons extérieurs :

Brexit

Le commerce international instable

Une croissance mondiale moins forte

Réaliser une vraie Europe dynamique

Daniel Gerino, président et directeur de la gestion de Carlton Sélection, dans une Tribune du 8 avril 2019 intitulée « La France et l’Europe ont toutes les cartes en main pour réussir » exhorte la France et l’Europe à « se bouger « et à prendre des décisions importantes : « A l’échelle de la France, il est indispensable d’engager une réforme en profondeur de l’enseignement et de l’apprentissage. Promouvoir l’égalité des chances plutôt qu’un égalitarisme qui nivelle par le bas est la clé pour remettre en fonctionnement cet ascenseur social faisant aujourd’hui défaut dans notre pays. Former les jeunes aux nouvelles technologies, si besoin en créant de nouvelles écoles, comme l’a fait Xavier Niel, doit être une priorité absolue.

S’il n’est pas question de faire « les Etats-Unis d’Europe », l’Europe doit en revanche s’appuyer sur la diversité de ses différentes cultures qui la composent et engager un effort considérable pour renforcer son unité face aux Etats-Unis et à la Chine. Concrètement, cela signifie qu’il faut mettre fin à la concurrence fiscale et sociale délétère entre les différents pays de l’Union. L’harmonisation de la fiscalité (celle des entreprises en premier lieu) est le préalable à toute solidarité européenne digne de ce nom. La période de transition, qui sera délicate pour certains pays, pourrait être financé par un véritable « plan Marshall » avec l’appui de la BCE puisque la création monétaire débridée depuis le lancement du QE s’avère au final très peu inflationniste.

Construire une Europe sociale et fiscale, appuyée par des projets d’infrastructure de grande ampleur, pourrait en effet permettre au Vieux Continent de regagner une place de premier plan sur la carte de l’économie mondiale, entre les Etats-Unis et la Chine. Une ambition à la hauteur des enjeux du 21ème siècle. Il n’est pas trop tard ».

Les premiers mois positifs malgré des aléas

Pour Trecento Asset Management « Le mois de mars a été à nouveau porteur pour les principaux marchés actions, qui poursuivent le rebond entamé après Noël. Avec une hausse de 2% environ en Europe, 3% (en euros) aux Etats-Unis et presque 7% (en euros) en Chine, le momentum boursier continue, avec en toile de fond une atténuation des craintes sur l’environnement macroéconomique, sur les négociations commerciales sino-américaines et sur l’évolution future des rendements obligataires et des conditions de financement. Les performances sectorielles reflètent surtout la prolongation d’un environnement de taux bas, avec une surperformance des secteurs de la consommation, des valeurs technologiques et de l’immobilier tandis que les valeurs financières et industrielles sous-performent. » (Rapport mensuel au 29 mars 2019 du fonds Trecento Santé).

Bilan positif pour les publications annuelles du CAC 40

« A fin mars, l’ensemble des entreprises du CAC 40 a publié ses résultats pour l’année 2018. Le bilan est positif. Les sociétés du CAC 40 ont affiché en 2018 une croissance des chiffres d’affaires de +4,7% (+4,1% en organique). Dans le même temps, elles ont amélioré leur taux de marge opérationnelle de +0,7 points, à 12,1%. Ces deux éléments expliquent l’essentiel de l’évolution des résultats nets : +9% hors éléments exceptionnels » (Lettre mensuelle mars 2019 publiée le 9 avril 2019 de Actions 21).

Après un bon 1er trimestre, un bon second trimestre ?

« Le rallye du premier trimestre offre encore de belles sources de performance » estime Warin Buntrock, directeur adjoint des gestions de BFT Investment Managers et il s’en explique ainsi : « Après un premier trimestre 2019 marqué par un fort rebond de l’ensemble des classes d’actifs, les marchés financiers offrent encore de belles opportunités d’investissement. Il est toutefois recommandé aux investisseurs de ne pas courir après le marché et de rechercher des positions de diversification pour se protéger contre un essoufflement des marchés ou les risques géopolitiques. Dans un tel contexte, comment positionner les portefeuilles après ce rallye des marchés ? Faut-il se fier plutôt au message de la courbe des taux, anticipant une prochaine récession ou suivre les marchés actions et « high yield » qui envoient un message plus optimiste ? Reste-t-il un potentiel de hausse des actions et du crédit ? Tactiquement, il est ainsi recommandé de ne pas courir derrière les marchés d’autant plus que les facteurs politiques (guerre commerciale sino-américaine, Brexit, …) peuvent à nouveau provoquer de courtes éruptions d’aversion au risque. Il convient ainsi de garder une marge de manœuvre dans son budget de risque pour guetter des trous d’air permettant de se repositionner à meilleur compte. Le deuxième pilier de notre stratégie d’investissement repose sur la recherche de positions de diversification visant à protéger, au moins partiellement, les portefeuilles contre les risques évoqués. L’achat d’obligations indexées sur l’inflation et de Treasuries US à 10 ans constituent ainsi de bons moyens de couverture ».

Irrationalité politique et avancées technologiques

« De nombreux événements politiques sont difficilement explicables rationnellement ou théoriquement, car ces modèles exigent des acteurs agissant rationnellement. Ce que nous observons aux États-Unis ou en Grande-Bretagne ne semble pas rationnel. Nous n’en connaissons actuellement pas l’issue, mais nous supposons que les solutions n’auront pas de conséquences trop tragiques. Donald Trump parviendra sans doute à un règlement du différend commercial avec la Chine. On ne sait pas s’il parviendra également à s’entendre avec l’Europe. Cela dépend du refus de la France d’inclure les produits agricoles dans le débat. La Grande-Bretagne, en revanche, ne donne à l’heure actuelle aucun élément d’interprétation ….» explique le docteur Leber, fondateur d’ACATIS et d’ajouter : « Alors que la politique se regarde le nombril, certaines tendances économiques et technologiques, qui semblaient invraisemblables ou utopiques il y a encore quelques années, sont en train de s’accélérer. Il est donc tout à fait possible que l’entreprise allemande Volocopter lance son hélicoptère électrique autonome sur le marché dans deux ans. Il y a 5 ans, cela relevait encore de la science-fiction pour presque tout le monde. Les avions électriques court-courriers de Lilium auront encore besoin de 6 ans environ pour atteindre le stade de la maturité commerciale. La mobilité électrique s’accélère. Les vélos électriques ou scooters électriques font désormais partie de la circulation routière, la Tesla devient un phénomène de masse, la Porsche électrique est épuisée avant le lancement, plus d’un millier de stations de recharge sont déjà installées, batteries et autonomie ne cessent de s’améliorer, le recyclage des batteries est techniquement résolu, et certains jours, le vent fournit quasiment gratuitement de l’énergie excédentaire qui peut être collectée et utilisée pour les batteries.» (Billet mensuel du docteur Leber, fondateur d’ACATIS, société de gestion indépendante allemande).

Le contexte actuel est-il vraiment favorable aux stratégies d’actions protégées ?

« Dans ce contexte, avec un DJ stoxx600 qui a progressé de +12,3 %, il est donc très difficile de réinvestir sur les marchés actions et ce, d’autant plus que les marchés taux et actions envoient des signaux contradictoires… Tout le monde semble attendre un retour avant de se repositionner. Pourquoi dans ce cas-là attendre et ne pas investir dans les actions protégées qui permettraient d’amortir la baisse en cas de ralentissement avéré ?» (Actifs. Avril 2019. CPR Asset Management Noémie Hadjadj-Gomes , Responsable adjointe de la recherche, Esther Dreyfuss, Gérante gestion diversifiée). 

Nous terminons cette chronique en souhaitant que les marchés financiers continuent leur reprise et qu’ils n’arrêtent pas leur rebond, mais au fur et à mesure que les niveaux des grands indices s’élèvent, les risques grossissent également. Rappelons aussi que la croissance mondiale, si elle reste bien positive s’essouffle néanmoins.